Le 20 août 2020
L’enfer ce n’est plus les autres, mais la famille. Le récit de François Bégaudeau ne parvient pas à incarner une très bonne idée initiale.


- Auteur : François Bégaudeau
- Editeur : Verticales
- Genre : Roman
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 20 août 2020

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Résumé : Une famille n’est jamais autant une famille qu’en vacances. En vacances, on voit sa peau. Durant leur congé estival à Royan, les Legendre sont très performants : la mère excelle en communication de crise, la petite en piano, et le père en running. Sa montre-GPS compte ses pas. Chaque jour davantage de pas. Cette famille de la bourgeoisie parisienne est en croissance. Seul le petit dernier tarde à performer. Tarde à apprendre à lire. Ou refuse d’apprendre. Il fait peut-être de la résistance passive. Sur une plage, il creuse un trou pour l’évasion.
Critique : Dans son nouveau livre, François Bégaudeau brosse le portrait au vitriol d’une famille dysfonctionnelle et souvent détestable. Qu’il s’agisse du père, totalement accro au running, fâché que son fils ne sache toujours pas lire, de la mère, dans le contrôle constant des gestions de crises, incapable de goûter son séjour, de la fille surdouée et insupportable, adepte des anglicismes, tout à sa volonté de rabaisser son frère, lequel rêve de disparaître à jamais, les personnages sont obsédés par leur propre personne et leur envie d’écraser les autres. Ils n’ont de cesse de se détruire, de se pousser à bout, rendant leurs vacances totalement cauchemardesques.
Ainsi, le roman devient presque une illustration de la célèbre citation de Sartre, "l’enfer, c’est les autres", adaptée à une structure intime.
Si le postulat de départ aurait pu être séduisant, le résultat final s’avère pourtant bien fade : les protagonistes, mesquins et calculateurs, ne prennent pas vraiment vie dans ce roman, comme s’ils servaient uniquement la démonstration de l’auteur, ce qui rend le texte relativement artificiel et faussement cynique.
La caricature va si loin qu’elle en devient presque comique malgré elle et, très vite, on se lasse des aventures de ces protagonistes auxquels on ne parvient pas à s’attacher, qui ne suscitent aucune émotion positive.
Néanmoins, les sentiments négatifs qu’ils inspirent poussent le lecteur à continuer, dans l’espoir un peu voyeur d’assister à la chute de cette famille. Celle-ci, hélas, n’arrive pas sous la forme escomptée.
En somme, Un enlèvement est un texte plutôt décevant : le récit ne parvient malheureusement pas à incarner la superbe idée de départ.
192 pages - 18 €