Un coeur invaincu

Par trop démonstratif, Michael Winterbottom échoue dans ses
ambitions et peine à imposer sa stimulante singularité dans ce film-bloc.

L’argument : L’adaptation des mémoires de Mariane Pearl (A mighty heart : the brave life and death of my husband Danny Pearl), retraçant le kidnapping et le meurtre de son époux journaliste par des activistes pakistanais.

Notre
avis : Michael Winterbottom est un cas intéressant. Prolifique, il accumule
inégalement les fictions hétéroclites (comédie, docu-fiction, film de guerre) en
risquant à chaque fois de manquer de recul et de profondeur par rapport à la densité
des sujets traités. Ça ne loupe pas dans A mighty heart. Remarqué par Brad Pitt pour
la charge féroce de son Road to Guantanamo, le cinéaste britannique adapte
l’itinéraire triste de Mariane Pearl qui, entre travail d’investigation et travail de
deuil, enquête vaillamment sur l’assassinat de son mari. Et signe un film... mineur - son premier sur le territoire de l’oncle Sam - qui manque singulièrement de
puissance. Malgré les efforts méritoires d’Angelina Jolie (dont la ressemblance avec
Pearl est par ailleurs assez troublante), le résultat, speedé par un Winterbottom
conscient
qu’il faut retranscrire une urgence et une fièvre, hache son montage en créant de
manière répétitive une alternance entre des images locales pakistanaises incongrues
et d’autres, se focalisant sur la tension d’un huis clos paranoïaque. Une tension
artificielle qui parcourt un film un rien démonstratif conclu par un morceau sublime de Nouvelle Vague (In a manner of speaking).