Education sentimentale à l’italienne
Le 16 décembre 2003
Ce Cœur ailleurs a un côté désuet qui en fait tout le charme...


- Réalisateur : Pupi Avati
- Acteurs : Neri Marcorè, Vanessa Incontrada
- Genre : Romance
- Nationalité : Italien
- Editeur vidéo : TF1 Vidéo
- Festival : Festival de Cannes 2003

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– Durée : 1h43mn
– Titre original : Il cuore altrove
Ce Cœur ailleurs a un côté désuet qui en fait tout le charme...
L’argument : Dans les années vingt, Nello, trente-cinq ans et toujours puceau, est envoyé par sa famille à Bologne pour enseigner le grec et le latin. Son père, couturier du Vatican, espère surtout qu’il y trouvera une épouse pour assurer la descendance. Timide et maladroit, Nello partage une chambre dans une pension de famille avec un coiffeur napolitain, grand séducteur. Dans un pensionnat religieux pour jeunes filles non voyantes, notre candidat au mariage succombe au charme de la sublime Angela. Abandonnée par son fiancé après l’accident qui lui a coûté la vue, Angela va se servir de Nello pour assouvir sa vengeance et tester son pouvoir de séduction.
Notre avis : Ne nous emballons pas ! Ce n’est pas parce que l’année 2003 nous a fourni pas moins de sept films italiens (Souviens-toi de moi, Nos meilleures années, La felicita, un bonheur ne coûte rien...) qu’il faut crier à son renouveau. Et Pupi Avati ne s’inscrira certainement pas au panthéon des maestros italiens que sont Visconti, Fellini ou Rosselini. Toutefois, le réalisateur met son talent d’artisan du cinéma au service d’un film nostalgique qui se savoure tranquillement, le sourire aux lèvres.
La mise en scène d’Un cœur ailleurs nous permet de faire un voyage dans le temps et de nous retrouver cinquante ans en arrière. Cette histoire d’amour impossible et émouvante est filmée de manière classique et soignée ; et c’est précisément ce côté désuet qui en fait tout le charme. Ce film sage et conventionnel nous montre un cinéma comme on n’en fait plus, dégoulinant de mièvrerie pour certains, mais empreint de délicatesse et de sensibilité délicieusement surannées pour les autres. Parfois, il est agréable de regarder le cinéma comme une œuvre, non pas d’art, mais d’artisanat, comme c’est le cas ici : pas de grande surprise ni de grande émotion, certes, mais un émerveillement devant la beauté picturale de certaines scènes, révélée par l’harmonie des lumières et la délicatesse des couleurs.
L’esthétique et le thème sans surprise de Pupi Avati peuvent bien sûr énerver, mais en dépassant ces reproches, Un cœur ailleurs offre une analyse fine et sensible du sentiment amoureux et de la nature humaine, à l’image de l’interprétation délicate de Neri Marcorè. Et par ces températures hivernales, une occasion de se réchauffer le cœur ne se laisse pas passer.
Coup d’œil : Présenté en compétition officielle du Festival de Cannes 2003, Un cœur ailleurs a permis à Pupi Avati de remporter le Donatello du meilleur réalisateur, l’équivalent transalpin de nos Césars.