Un beau matin... - la critique

Pour leur adaptation cinématographique de trois contes musicaux de Prokofiev, les réalisateurs ont misé sur une esthétique naïve. Le résultat déroute et déçoit par son manque de simplicité et son accumulation d’effets.

L’argument : Trois contes de Prokofiev, Pierre et le loup, Roméo et juliette et Le bûcher d’hiver, nous sont racontés en musique par un narrateur inquiétant et comique.

Notre avis : Prenant le parti (volontaire ?) de la réalisation à petit budget, les réalisateurs semblent rechercher la grâce dans cette économie de moyens. Et l’atteignent... par instants. Ainsi, les aventures de Petit Pierre ont-elles d’emblée un côté charmant, fait de soleil et de contre-jour vieillot, de boucles blondes, de masques enfantins, de kaléidoscopes très seventies et d’effets spéciaux de l’âge de pierre. On sourit à la naïveté revendiquée de la réalisation et l’on perçoit le doux parfum nostalgique des livres de notre enfance, voire de l’enfance de nos parents. Cependant, ce parti pris peut agacer tout autant, avec son accumulation de petits noms (Petit Pierre, Petite Marie, etc.), d’esprit bon enfant et de rires dénués d’arrière-pensée.
La construction en abyme du premier film (l’histoire est racontée par un narrateur et l’ensemble histoire/narrateur est lui-même regardé à la télévision par les enfants/acteurs du film) est prétexte à une variation d’effets comiques assez lourds venant du récitant, et d’effets sentimentaux, là encore un peu appuyés, lors des scènes avec les "enfants spectateurs". Les auteurs ont tenté de diversifier leur mise en scène "à la Méliès", comme ils la qualifient eux-mêmes. Mais c’est justement dans ces ruptures de ton, et aussi dans certaines scènes décalées (l’intrusion télévisée d’un concert de rock par exemple), qu’apparaît le plus l’insuffisance de la réalisation : succession d’effets techniques, elle ne parvient pas à trouver assez d’unité ou de tenue pour se suffire à elle-même et nous offrir tout simplement ces trois contes. Postulant sa simplicité, c’est pourtant par manque de simplicité qu’elle pèche. Et l’on ne voit pas que les enfants s’y retrouvent davantage dans cet imbroglio esthétique. Reste des scènes touchantes ou mignonnes, et un aspect artisanal qui peut en enchanter certains.