La menace fantôme
Le 3 octobre 2009
Jérusalem mon amour ou comment vivre une rupture dans l’attente de bombardements éventuels. Un film sensible et juste.
- Réalisateur : Alain Tasma
- Acteurs : Michel Boujenah, Gaspard Ulliel, Jasmine Trinca
- Genre : Drame
- Nationalité : Israélien, Français
- Date de sortie : 30 septembre 2009
- Plus d'informations : Le site officiel du film
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– Durée : 1h41mn
Jérusalem mon amour ou comment vivre une rupture dans l’attente de bombardements éventuels. Un film sensible et juste.
L’argument : 31 décembre 1990. L’ultimatum lancé par l’Onu à l’Irak expire dans quinze jours : si Saddam Hussein n’évacue pas le Koweït, les Alliés disposeront d’un mandat pour utiliser la force. Dans les salles de rédaction occidentales, on parle d’une troisième guerre mondiale. A Jérusalem, l’angoisse est immense : Saddam Hussein menace d’utiliser contre Israël des Scuds chargés d’armes chimiques et bactériologiques.
Luisa, 23 ans, franco-italienne, est étudiante en histoire antique à la faculté de Jérusalem. Nathanaël, jeune peintre français, subvient à ses besoins en travaillant comme vigile à Jérusalem-Est. Leur relation, violente et complexe, est sur le mode "ni avec toi, ni sans toi". Comme eux, leurs amis, voisins, connaissances, attendent la fin de l’ultimatum avec une tension croissante. Comment vit-on lorsque la vie est suspendue à un fil ? Que fait-on de ses jours, de ses nuits, quand l’apocalypse est envisageable ?
Notre avis : Pas facile de mettre fin à une relation amoureuse tombée dans l’impasse. Surtout quand ce conflit sentimental a pour cadre un conflit guerrier international qui menace d’éclater à chaque instant. Un climat oppressant pour Luisa et Nathanaël, jeunes français exilés à Jérusalem, l’une pour fuir des parents étouffants, l’autre pour trouver sa voie et son inspiration de peintre. Ces deux-là jouent à « je t’aime moi non plus » pendant que Saddam Hussein s’apprête à balancer des Scuds sur Israël. Une petite histoire dans la grande Histoire, ce n’est pas nouveau mais toujours aussi efficace. La tension est palpable, la peur prend plusieurs formes : la fuite, le refus d’enfanter, la paranoïa, le folie et la violence.
- © Mars Distribution
Le rythme du film est remarquable. Alain Tasma nous présente plusieurs tableaux d’une vie quotidienne empoisonnée petit à petit par le virus de la crainte (on pense d’ailleurs furieusement à notre diabolique grippe A). Ces instantanés sont entrecoupés de fondus au noir faisant office de compte à rebours avant la tragédie qui n’aura pas lieu, bien entendu. L’idée maîtresse du film est que cette horreur annoncée ne prend pas vraiment le pas sur l’explosion du couple, qui elle, est inévitable. Les personnages ne vont pas se rapprocher sous l’influence d’un danger imminent, au contraire. Nathanaël s’en sert même comme excuse pour écourter une conversation sur l’avenir et la possibilité d’avoir un enfant (« Tu crois que c’est le bon moment pour en parler ! »). En un sens il souhaite que la guerre éclate car c’est un bon prétexte pour justifier les différents échecs, amoureux et artistiques, de sa vie.
Ces amours/haines, ces sentiments conflictuels sont servis par une mise en scène sobre et aérée dont le point d’orgue est sans nul doute ce voyage nocturne d’une mère bravant le danger pour retrouver sa fille enceinte. Elle roule sur une autoroute déserte, à l’affût du moindre bruit, avec un masque à gaz. Une situation ridicule qui prend la forme d’un cauchemar éveillé saisissant.
Le masque à gaz, élément décisif de la parabole guerrière, symbolisant la suffocation de Luisa qui se terminera heureusement sur la promesse d’un nouveau souffle.
- © Mars Distribution
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