Le 21 novembre 2016
Une petite pépite fondée sur la vengeance et ses conséquences, ramassée et nerveuse.


- Réalisateur : Alfred L. Werker
- Acteurs : Dana Andrews, Carolyn Jones, Donna Reed
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta
- Durée : 1h17mn
- Titre original : Three hours to kill
- Date de sortie : 24 août 1955

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– Sortie DVD : le 21 novembre 2016
– Année de production : 1954
Résumé : Jim est accusé du meurtre d’un homme et est donc sur le point d’être battu à mort. Grâce à l’intervention de la sœur de la victime, Laurie, il parvient à s’en sortir car elle ne croit pas à sa culpabilité. Après trois ans d’errance, il revient sur les lieux du crime, déterminé à retrouver le coupable et Laurie, dont il est éperdument amoureux. Il dispose de 3h avant de se faire arrêter...
Notre avis : Lointain cousin du Fury de Lang ou de Un homme est passé de Sturges, ce petit western centré sur la vengeance d’un homme ayant échappé à un lynchage est particulièrement efficace et nerveux. Court, bien mené, il prend en charge peu de personnages mais joue sur leurs confrontations systématiques (un peu trop, à la vérité) pour créer une tension dramatique en même temps qu’une réflexion sur la vengeance et ses conséquences. Dans sa déshumanisation, Jim rejoint le héros langien : il a cessé de sourire, comme le remarque Chris et les dialogues , souvent acérés, le montrent en obsédé de la vérité, prêt à tuer pou assouvir sa frustration.
Werker, cinéaste peu connu et estimable, fait preuve d’un indéniable savoir-faire dans plus d’une séquence : le lynchage en particulier, d’une tension soutenue, avec la belle idée de la corde qui se coince dans les obstacles de la rue, montre une rigueur certaine. Certes, les scènes dialoguées manquent parfois de mordant, mais l’action est bien conduite, à l’image du duel final.
Comme chez Lang ou Sturges, le film est aussi prétexte à montrer les dessous des « braves gens », ces citoyens lambda prêts à lyncher leur ami ; ils se révèlent lâches, inaptes à la réflexion. Même la fin laisse un goût amer, malgré la restauration de la justice et au fond la vision de l’humain n’est pas très glorieuse ; on sent même une certaine jubilation à laisser éclater les rancœurs (voire la séquence dans le bar où chacun est prompt à accuser l’autre).
Ce qu’on aime dans ce genre de production, c’est l’absence de graisse : tout conduit à faire progresser la narration, sans s’embarrasser de scènes additionnelles, de considérations superflues. Ça va vite, droit au but, avec des comédiens solides (la mâchoire serrée de Dana Andrews enchante), et, dans le genre, Trois heures pour tuer est une belle réussite.
Les suppléments :
Singulièrement décevants, les bonus se composent de deux interventions de Patrick Brion : quelques informations sur le film, intéressantes (9 minutes) et une évocation très factuelle de la carrière de Dana Andrews, plombée par des bandes-annonces de piètre qualité et une musique très agaçante. Et ce ne sont pas les quelques affiches internationales en guise de galerie photos qui rehausseront le niveau.
L’image :
Une belle copie, sans parasites et surtout, avec des couleurs rutilantes ; le grain apparaît surtout dans les extérieurs, sans gêner la lisibilité. Quelques rares et légères variations d’intensité.
Le son :]
Même si la VO est préférable, les deux pistes mono proposées retrouvent une clarté et une présence bienvenues.