Le 7 novembre 2017
Un semblant de polar qui sonne faux sur toute la ligne.
- Réalisateur : Thierry Klifa
- Acteurs : Diane Kruger, Nicolas Duvauchelle, Catherine Deneuve, Nekfeu
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Français
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h38mn
- Box-office : 166 665 entrées France / 41 624 entrées Paris Périphérie
- Date de sortie : 8 novembre 2017
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Résumé : Une maison bourgeoise au milieu de nulle part. Une cité à Sète. Une mère et sa fille. Deux amis d’enfance. Une disparition. Un chantage. La confrontation de deux mondes.
Notre avis : Après avoir collaboré au mensuel Studio Magazine pendant onze ans, Thierry Klifa passe derrière la caméra en 2002 avec la réalisation d’un court-métrage qui réunit Sandrine Bonnaire, Danielle Darrieux et Michaël Cohen. 2004 voit la naissance de son premier long-métrage Une vie à t’attendre. Dès lors, il parvient à attirer à lui les plus grands noms du cinéma français. Ce quatrième film signe sa troisième rencontre avec Catherine Deneuve après Le héros de la famille en 2006 et Les yeux de sa mère en 2011. Amateur du cinéma noir américain des années 50, il tente cette fois de nous entraîner dans un polar avec disparition, maîtres-chanteurs, flingues, bagarres et suspens. Mais n’est pas Hitchcock qui veut ! Malgré un casting alléchant et un bon postulat de départ, l’enquête policière empêtrée dans un scénario sans nuances (pourtant écrit en collaboration avec Cédric Anger, ex-journaliste aux Cahiers du Cinéma) et desservie par des comédiens souvent peu inspirés, tourne à vide.
- Copyright Mars Films
D’un côté Rodolphe (Nicolas Duvauchelle) et sa bande, petits dealers sans envergure bien vite poursuivis par des caïds encore pire qu’eux, impose sa loi dans une cité de béton sous le soleil du Languedoc. De l’autre côté Julia (Diane Kruger), une jeune femme issue d’une famille bourgeoise, handicapée suite à un accident, droguée et dépressive, n’aime que les mauvais garçons, ceux qui la maltraitent et l’insultent. Entre les deux, Louise, (Catherine Deneuve) la mère, une femme qui a l’habitude de tout contrôler et nourrit des rapports ambigus avec sa fille. Elle est censée servir de trait d’union entre ces deux univers que tout sépare mais des incohérences scénaristiques et l’aspect caricatural des personnages qui l’entourent l’empêchent de mener à bien sa mission. Julia va bien évidemment s’amouracher de Rodolphe, un garçon animé d’une violence si profonde qu’il ne ressemble plus qu’au mauvais cliché à peine crédible de la racaille ordinaire. Afin de bien nous persuader de toute la cruauté de ce monstrueux individu et de ses sbires, le récit nous inflige un insupportable et inutile combat de chiens dans le seul but d’installer un climat de terreur gratuite et démesurée.
- Copyright Mars Films
Si sa disparition rapide et brutale nous sauve momentanément de la sauvagerie, c’est pour mieux nous jeter dans une pseudo-intrigue aux situations si grotesques et prévisibles que tout espoir de suspense est vite anéanti, le summum du ridicule étant atteint lors de cette scène où Louise brandissant maladroitement une carabine parvient néanmoins à mettre en fuite quelques malfrats spécialisés dans les exactions les plus horribles. Le réalisateur affirme avoir sciemment éliminé tout élément explicatif pour ménager l’attente du spectateur à qui il faudra quand même une sacrée dose d’imagination pour comprendre comment, au beau milieu d’une scène, alors qu’elle est rackettée depuis déjà plusieurs jours, Louise décide soudain d’aider et même de cacher dans sa maison son maître-chanteur (Nekfeu) qui même s’il lui fait partager la superbe vue du toit de son immeuble, continue à n’apparaître que comme un voyou antipathique et mystérieux. Les dialogues, d’une pauvreté affligeante et très régulièrement émaillés de l’élégant « Tu te fous de ma gueule, ou quoi ? » ne nous consolent pas de ce marasme ambiant.
- Copyright Mars Films
Mais le plus affligeant reste avant tout de devoir subir le spectacle de la grande Catherine au jeu inexpressif s’enfermer progressivement dans le carcan de ce personnage rigide de mère abusive et autoritaire auquel ni elle, ni nous ne croyons. Diane Kruger, dans un rôle tout en excès, ne nous convainc pas davantage. La surprise viendrait plutôt du côté de Nekfeu. Son baptême de cinéma lui donne une fraîcheur et une spontanéité qui manquent à ses partenaires de jeu. Si les paysages magnifiques et hostiles de l’Ile de Thau de Sète, entre marécages et civilisation, constituent un écrin géographique idéal pour cette histoire de confrontation entre deux mondes opposés, ils ne représentent pas un élément suffisamment fort pour nous sortir de l’ornière dans laquelle le choix de mauvais itinéraires nous ont conduits.
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