Critique : La particularité de ce livre réside dans son intention. Lionel Barra ne raconte pas son parcours pour lui-même, mais bien dans l’idée de faire évoluer la prévention sur les addictions. L’alcool en particulier, possède une solide réputation festive, conviviale. Pourtant, à partir du moment où ce n’est plus un plaisir, mais une nécessité, où sa compagnie est davantage recherchée que celle de nos proches, il est déjà trop tard. La dépendance est installée et, avec elle, les ravages qui dépassent tout contrôle.

Aujourd’hui, Lionel Barra s’en est sorti et a trouvé sa voie en aidant les dépendants et leurs proches. Pourtant, il a touché le fond, déçu ses compagnes, sa famille, manqué les premières années de ses enfants, perdu sa dignité. Sans misérabilisme ni faux-semblants, son histoire se raconte sous la plume journalistique de Vincent Di Serio, en toute franchise. Les deux hommes ont entamé leur collaboration à la suite d’une conférence de Lionel Barra, pour un projet d’écriture qui a duré deux ans. Le résultat constitue à la fois un témoignage, mais aussi un véritable programme de prévention.

En parlant des conséquences de sa dépendance, il s’agit de montrer ce qui peut arriver, ce que l’on peut perdre. Mais cela ne suffit pas. Ce genre de messages ne permet pas de réfléchir à sa propre condition, notamment chez les plus jeunes. Avec le recul de sa propre expérience, Lionel Barra espère pouvoir davantage toucher ceux qui ne voient pas où est le problème.

Pour guérir, il faut d’abord se regarder en face. Regarder son reflet dans le regard de ses parents, la peur ou le désespoir dans les yeux de ceux qui nous aiment. Les amitiés d’un soir ne viennent jamais compenser ce vide abyssal de la perte de soi que l’on s’inflige.

Se raconter sans détours, sans faux-semblants et laisser transparaître ses émotions, tel est le défi de ce livre. On devine des épisodes passés sous silence, l’absence parfois de lucidité ; ces ellipses confèrent une certaine dignité au récit. Loin de susciter le jugement, cette histoire amène le lecteur vers une meilleure compréhension et sans doute, à surveiller davantage la consommation d’alcool autour de lui ou pour son propre compte.