Le 21 janvier 2024


- Scénariste : Marcelo D’Salete>
- Dessinateur : Marcelo D’Salete
- Genre : Historique
- Editeur : Éditions çà et là
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 19 janvier 2024
Un formidable récit inspiré par les lettres dictées par une esclave africaine dans le Brésil du second XIXe siècle.
Résumé : Femme mûre d’origine africaine, Tiodora est l’esclave d’un chanoine à São Paulo, pour lequel elle réalise de menus travaux. Arrivée sur les rivages du Brésil, celle-ci a été séparée de son mari Luis et de son enfant Inocencio, avec lesquels elle cherche à tout prix à renouer. Analphabète, elle fait écrire une lettre pour son mari par un autre esclave. La lettre est confiée à un tropeiro, voyageur itinérant, pour être transmise à la dernière adresse connue de son époux, dans l’arrière-pays. La précieuse missive est finalement portée par un adolescent de São Paulo, Benê, dont le périple est semé d’embûches…
Critique :Après le remarquable Angola Janga, Marcelo D’Salete livre avec Mukanda Tiodora un nouveau récit sur l’esclavage au Brésil. Démarche originale et extrêmement intéressante sur le plan historique, l’auteur conçoit son récit à partir de véritables lettres dictées par l’esclave Tiodora (de son nom complet Teodora Dias da Cunha) entre 1868 et 1878. Car Tiodora a véritablement existé et ses lettres sont le témoignage exceptionnel, tant la voix des esclaves – les opprimés par excellence – sont rares dans les archives. Comme le précise l’éclairage historique rédigé par Cristina Wissenbach, professeure d’histoire à l’université de São Paulo, les lettres de Tiodora ont été ajoutées comme pièces à conviction lors d’un procès qui s’est déroulé après un cambriolage chez le chanoine dont elle était l’esclave. Marcelo D’Salete fait de ces lettres l’épicentre de son histoire, à partir desquelles il crée son récit en comblant les lacunes des sources. Car, en dehors des lettres qu’elle a envoyé, on ne sait rien de cette femme.
- Marcelo D’Salete / çà et là pour la traduction française
Le dessin charbonneux et épais de Marcelo D’Salete, inspiré par la gravure d’époque, donne à voir un Brésil rural où les rapports sociaux sont marqués par la violence, qu’elle soit exercée par les Blancs ou par les populations noires. On passe rapidement des faubourgs de São Paulo, encore très éloignées de la métropole contemporaine, aux espaces forestiers et aux plantations de l’arrière-pays, où l’on croise parfois des esclaves en fuite…Marcelo D’Salete montre ainsi, de façon magistrale, la réalité sociale du Brésil esclavagiste. L’album est opportunément complété par un éclairage historique, une chronologie, des tableaux statistiques sur l’esclavage et un lexique.
- Marcelo D’Salete / çà et là pour la traduction française
Avec cet album fondé sur une source historique passionnante, Marcelo D’Salete offre un album saisissant de réalisme qui nous éclaire sur le Brésil esclavagiste du XIXe siècle. Passionnant.
224 pages – 23 €