Torture Made In USA - la critique

Marie Monique Robin brosse un tableau en rouge sang et en noir terreur du visage de la guerre post 11 septembre 2001 contre l’axe du mal.

L’argument :Les représentants de l’administration Bush peuvent-ils être poursuivis pour "crimes de guerre" ? Ce documentaire d’investigation décortique la machine qui a conduit la "plus grande démocratie du monde" à utiliser massivement et systématiquement la torture en Afghanistan, en Irak et à Guantanamo...

Notre avis : Suite à ce qui restera certainement comme l’attentat le plus marquant perpétré à ce jour sur le territoire étasunien, G.W Bush s’engage, quatre jours après l’effondrement des tours du World Trade Center, lors d’une réunion à Camp David, entouré des centres de pouvoir que sont la Sécurité Nationale, le Département de la justice, le Département de la défense, le Ministère des affaires étrangères, dans une lutte contre la terreur.

(c) Arte Editions

Quel est le visage de cette guerre contre l’axe du mal ? Marie Monique Robin nous en brosse un tableau en rouge sang et en noir terreur. Partant du scandale faisant suite à la révélation, par la Chaine CBS, au printemps 2004, des sévices perpétrés dans la prison d’Abou Ghraib par des militaires étasuniens, la réalisatrice met à jour les mécanismes qui ont conduit à créer les monstres qui ont infligés tortures et humiliations.

(c) Arte Editions

Anesthésié par les événements et la rhétorique manichéenne de G.W Bush (« soit vous êtes avec nous, soit vous êtes avec les terroristes »), il faudra ce nouvel électrochoc pour que les citoyens se réveillent et demandent des explications. On découvre au détour des nombreux extraits d’archives issus des différentes commissions d’enquêtes et des interviews de responsables militaires présents en Irak, que l’interrogatoire est redevenu un élément important, voire aux yeux de l’administration Bush le seul moyen, pour obtenir des informations de la part des détenus.
Le documentaire démontre en 85 minutes que ces hommes et femmes à l’origine des maltraitances, ne sont nullement des cas isolés, des « brebis galeuses » pour reprendre les éléments de langage de la communication d’État de l’époque, mais de simples rouages au sein d’un dispositif mis au point au plus haut sommet de l’État. Dick Cheney en dessine d’ailleurs publiquement les contours lors d’une communication publique suite au 11 septembre 2001 : il s’agit désormais d’opérer dans les ténèbres et de libérer de toute contrainte les services des renseignements. A grand renfort de juristes, prêts à justifier l’injustifiable, l’administration des États-Unis s’attache à détourner par tous les moyens les dispositions légales interdisant le recours à des pratiques dégradantes en en faisant une lecture partisane, à l’éthique étique.

(c) Arte Editions

Un film à recommander pour une nécessaire et intelligente lecture de l’histoire proche avec, en filigrane, une réflexion sur la « philosophie » de la terreur étatisée.

Les suppléments

Aucun sur le DVD. Toutefois, l’édition est accompagnée d’un court livret (24 pages), intéressant, sur la thématique, rédigé par Marie-Monique Robin, Amnesty International et Mediapart.

Image

Images tout à fait satisfaisantes propre au documentaire télévisuel. De surcroît, on ne peut pas être exigeant s’agissant d’images d’archives.

Son

Même remarque concernant la piste en Dolby Digital stéréo, en français, sous-titrée pour les malentendants. Pleinement satisfaisante pour ce type de DVD.