Torremolinos 73

Une comédie légère et inventive, deux acteurs talentueux et un concept porno-bergmanien auquel il fallait penser.

L’argument : Alfredo perd son travail de représentant en encyclopédies. Mais en échange, son patron lui offre de réaliser, avec sa femme Carmen, des vidéos pornographiques qui leur rapporteront beaucoup plus. Sous couvert de recherche scientifique, le couple accepte. Alfredo se découvre alors une passion pour le cinéma d’auteur et écrit un scénario que va produire son ex patron. Le tournage se déroule sans problèmes, mais à la dernière minute le producteur fait connaître ses exigences à Alfredo.

Notre avis : Le réalisateur nous offre avec Torremolinos 73 une comédie enjouée, servie par deux acteurs excellents, et sans doute assez fidèle à ce que pouvait être l’Espagne des années 70, mélange de puritanisme hypocrite et d’opportunisme mercantile exacerbé (incarné par le patron d’Alfredo). Il sait faire vivre ses personnages et les mettre dans des situations cocasses, drôles ou déroutantes, et l’on se prend à s’imaginer dans leur peau, mi-gêné, mi-émoustillé par des expériences non voulues mais finalement pas si désagréables. Le film regorge de sujets, plus ou moins graves. C’est d’ailleurs là que se situe le léger reproche qu’on peut lui adresser : au sein de cette prolifération, on aimerait parfois que certains d’entre eux soient davantage fouillés. Notamment, le plaisir sexuel du couple, retrouvé (découvert ?) malencontreusement (par les vidéos qu’il se voit "obligé" de réaliser) aurait pu constituer à lui seul le thème d’un film. Suivent le désir d’un enfant perturbé par la stérilité de l’homme que celui-ci refuse de reconnaître, la découverte du cinéma et l’élaboration d’un scénario, puis son tournage. Ça fait beaucoup pour un seul film et le spectateur a parfois l’impression d’être ballotté d’un thème à l’autre. Reste des scènes souvent belles, émouvantes, entre les époux, des répliques amusantes et une plaisante légèreté d’ensemble. Et puis, un metteur en scène amateur et à moustaches qui se prend pour Bergman et tourne du porno noir et blanc, ça vaut tout de même le coup d’œil.