Le 17 mai 2016
- Dessinateur : Kévin BAZOT
- Genre : Adaptation
- Editeur : Casterman
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 1er mai 2016
Partir à la découverte du Nouveau Monde autrement et historiquement
Résumé :
En 1831, Alexis de Tocqueville part à la découverte des nouveaux États-Unis d’Amérique. Accompagné de son ami Gustave de Beaumont, ces français cherchent à parvenir aux frontières de cette nouvelle civilisation, passionnés par les récits des pionniers et surtout du peuple indien. Un récit initiatique et véritable, inspiré de l’œuvre du penseur.
© Casterman
Notre avis :
Adapter un roman est une chose difficile pour un auteur de bande dessinée, adapter un livre de réflexion politique et philosophique relève du défi. Quinze jours dans le désert constitue certes un récit, autobiographique et en forme de carnet de voyage, d’Alexis de Tocqueville. Célèbre pour son De la démocratie en Amérique, Tocqueville est donc le héros de Kévin Bazot, qui a véritablement dû effectuer un double travail de recherche : retranscrire les lignes du voyage, s’assurer d’être fidèle à la trame du cheminement géographique, aux rencontres, aux dialogues d’une part, et offrir au lecteur une vision de l’Amérique de l’époque, avec ses villes, ses hommes, ses contrastes et ses évolutions. Plus qu’une bande-dessinée, ce Tocqueville Vers un nouveau monde se révèle être un documentaire, détaillé et authentique, où même les couleurs semblent naturelles. Un reportage dessiné plutôt que photographié, une plongée vraie dans un univers réaliste.
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Il faut toutefois le souligner, si l’intelligence est là, l’intensité fait défaut à la trame du scénario. Ce carnet de voyage, s’il a quelques frémissements, n’est pas un voyage fait de dangers, de coups de fusils, de scalps et de violences. L’ambiance, déjà plus Fort Wheeling que Blueberry, emmène les lecteurs du côté des grands lacs, et non dans l’habituel désert de sable de l’Ouest lointain. Pourtant, ce thème du désert est très important, car c’est ce que recherche le jeune Tocqueville : l’absence humaine, la nature encore inexplorée, les terres sauvages et leur peuple icône. Les rencontres seront souvent fugaces, les personnages n’ont pas de vocation à devenir secondaires ou intéressants en fin de livre : ils sont seulement sur le passage des deux héros. Il ne faut pas s’attacher ou espérer un rebondissement, le voyage est réel, il n’implique pas de complot, d’embuscade ou d’enlèvement, seulement la route et ses embûches, la principale demeurant les moustiques.
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Rien d’héroïque donc, mais une véritable immersion en l’an 1831 dans des régions peu connues : l’occasion de voir Détroit, ville millionnaire, comme un pauvre avant-poste de pionniers, de jeter un regard sur les Amérindiens alors en pleine déchéance, avec le soutien discret mais efficace de l’homme blanc. L’occasion de voir le monde à travers un jeune aristocrate se défaisant de ses illusions, un regard critique bienvenu et finalement bienveillant. Et c’est bien là toute la force de cet ouvrage : son humanisme et sa philosophie.
104 pages - 18 €
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