Tip top - Serge Bozon - critique

Critique : C’est la seconde sélection de Serge Bozon à la Quinzaine des Réalisateurs, après l’intéressant La France. Il s’agit d’une adaptation décalée d’un roman britannique de Bill James, transposé dans la banlieue parisienne et avec pour toile de fond un trafic franco-algérien à l’origine de meurtres que tentent d’élucider deux policières névrosées. Isabelle Huppert et Sandrine Kiberlain forment un improbable tandem chargé de percer ces mystères. Les deux actrices surjouent et la première reprend, en plus déjanté, le numéro qu’elle avait déployé dans L’ivresse du pouvoir (Claude Chabrol, 2006).

Copyright Rezo Films

Le clou du film est censé être une scène d’amour sadomaso avec Sami Bouajila, qui occasionne le même gag (un saignement du nez retenu par la langue) répété une dizaine de fois. Sandrine Kiberlain interprète une ex-placardisée pour cause de mœurs déviantes (une propension à mater plus forte que la moyenne), ce qui donne droit à de poussives saynètes dans une chambre d’hôtel. L’intrigue policière est sans intérêt et ferait passer Noir comme le souvenir et autres ratages de Jean-Pierre Mocky pour du Scorsese, même si l’auteur n’en a cure et préfère faire son malin avec un second degré tellement tendance.

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On sauvera une sarcastique séquence de visite touristique d’une nouvelle cité et le talent discret de Karole Rocher, déjà aperçue dans Polisse, et qui vole aisément la vedette aux deux têtes d’affiche. « Pourquoi parlez-vous de façon si vulgaire, Madame ? », lance-t-elle à la policière qui précise que les flics sont venus pour « niquer tout le monde ». On peut aussi s’interroger sur l’opportunité de la vulgarité ambiante de l’œuvre, au vu du ratage qui se déroule sous nos yeux.