Je ne suis pas un héros
Le 29 août 2018
Entre raison et folie, Jim Cummings ne nous cache rien des états d’âme d’un être humain auquel chacun d’entre nous pourra s’identifier un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout.
- Réalisateur : Jim Cummings
- Acteurs : Jim Cummings, Kendal Farr, Nican Robinson, Jocelyn DeBoer
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Paname Distribution
- Durée : 1h31mn
- Date de sortie : 12 septembre 2018
- Festival : Festival de Cannes 2018, Festival de Deauville 2018, ACID 2018
– Grand Prix Festival de Deauville 2018
Résumé : L’histoire de Jimmy Arnaud, un policier texan qui essaie tant bien que mal d’élever sa fille. Le portrait tragi-comique d’une figure d’une Amérique vacillante.
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Notre avis : Citoyen de la grande Amérique et policier de surcroît, Jimmy Arnaud se doit d’être toujours exemplaire et de ne jamais laisser filtrer le moindre sentiment. Mais, le jour des obsèques de sa mère, il perd pied. Pourtant rien de larmoyant dans cette manifestation d’émotions. Jim Cummings se lance à corps perdu (il est à la fois scénariste, réalisateur, musicien et acteur) dans cette aventure qui mêle humour et réflexion, excès et raison, burlesque et sérieux. Originaire de la Nouvelle Orléans, Cummings côtoye durant son enfance des garçons élevés dans le culte de la virilité à qui l’on apprend à réprimer toute fragilité, à jouer au dur et à se prendre au sérieux. Entre rire et larmes, il pointe sans ménager ses effets les contradictions de cette grande puissance longtemps montrée en exemple désormais coupable de se désintéresser de ceux qui ont lui ont obéi au doigt et à l’œil en les abandonnant à la limite de la folie dans l’étroitesse d’une petite ville perdue au fond du Texas. Car si Jimmy Arnaud s’est toujours efforcé de faire de son mieux, sa vie tant personnelle que professionnelle est en pleine déroute. Empêtré dans un divorce qui s’éternise, il ne voit sa fille qu’épisodiquement et ne parvient plus à communiquer avec elle tandis que ses coups de sang et la dégradation de ses rapports avec ses collègues et ses supérieurs pourraient lui valoir quelques ennuis au travail. Tel un équilibriste, Jimmy vit sur un fil prêt à tomber du bon ou du mauvais côté de la vie, selon son humeur et les circonstances.
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C’est finalement le long plan-séquence d’ouverture (qui fit l’objet d’un court-métrage récompensé à Sundance en 2016) qui nous renseigne le mieux sur les réactions contradictoires de ce personnage qui, le jour de l’enterrement de sa mère, ose se révéler en toute impudeur. Après avoir balayé l’assemblée, la caméra s’arrête sur ce jeune homme quelque peu emprunté dans son uniforme de flic. S’apprêtant à rendre un hommage appuyé à celle qui lui a donné le jour, il se lance dans un discours qui a tôt fait de tourner au monologue décousu émaillé de digressions inattendues au cours desquelles il se dandine d’un pied sur l’autre, s’enthousiasme pour finalement se mettre à pleurer. Face à un auditoire que l’on pressent pétrifié d’embarras par tant de confusion, il tentera aussi de pousser la chansonnette sur le célèbre Thunder Road (une incitation à tous les opprimés de prendre le large) de Bruce Springsteen mais sera trahi par son lecteur de CD qui refusera de se mettre en route, nous privant ainsi de l’occasion de redécouvrir ce titre mythique. Car puisqu’il s’agit de manier dérision et burlesque, le réalisateur pousse au maximum la touche burlesque ne manquant pas de laisser au bord de la route les amateurs d’un minimum de pondération.
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Faisant finalement peu de cas de la chronique sociale à peine effleurée, il choisit de consacrer toute son énergie à ce personnage fantasque qu’il incarne, il faut bien le reconnaître, avec une vivacité hors du commun. De tous les plans, placé au cœur d’une mise en scène sobre, il nous offre à coups de gesticulations clownesques et de logorrhées ininterrompues une performance marathonienne. Sur un rythme qui passe sans transition de l’immobilisme à la fulgurance, il donne vie sans difficultés à cet être à l’humanité touchante entre perte de repères et désir de survie.
Ce film singulier au ton rugueux et à la multitude de plans-séquences interminables pourrait bien déstabiliser les adeptes d’un cinéma classique mais ravira sans doute ceux qui aiment emprunter les chemins de traverse.
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ceciloule 17 septembre 2018
Thunder road - la critique du film (Grand Prix Deauville 2018)
J’ai été laissée perplexe par ce film, peut-être trop adepte de cinéma "classique", comme vous le dites. En tout cas, c’est vrai qu’on oscille à tout moment entre rires et larmes, et que le jeu d’acteur est absolument fabuleux. Malgré tout, la bande-annonce laisse attendre un film résolument drôle, et Thunder Road reste sombre avant d’être drôle. Le burlesque est bien présent mais il ne sert qu’à souligner le désarroi de Jimmy Arnaud, et le mal qu’il a à donner un sens convenable à sa vie. Ce film détonne, se démarque grâce à la performance de Jim Cummings, mais je n’ai pas été aussi emballée que je pensais l’être (pour en savoir plus : https://pamolico.wordpress.com/2018/09/17/rire-ou-pleurs-thunder-road-jim-cummings/ ;))