Amour éternel
Le 17 septembre 2012
Mystique et épuré, Téodora pécheresse dévoile avec pudeur l’intimité de la vie monastique. Rigide et glaçant.
- Réalisateur : Anca Hirte
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français, Roumain
- Durée : 1h26mn
- Date de sortie : 19 septembre 2012
- Plus d'informations : http://www.lesfilmsdici.fr/fr/catal...
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Mystique et épuré, Téodora pécheresse dévoile avec pudeur l’intimité de la vie monastique. Rigide et glaçant.
L’argument : Téodora est belle et gracieuse. Elle porte les vêtements noirs, rêches et sans forme du monastère de Varatec, au cœur de la Roumanie, telle une princesse du Moyen-Âge. Entourée des "petites mères" du monastère, Téodora prépare l’événement le plus important de sa vie.
Notre avis : A mi-chemin entre la fiction et le documentaire, Téodora pécheresse respire un impénétrable parfum de mystère. Face caméra, une jeune roumaine de vingt ans sur le point de se marier. Son fiancé, invisible et absent, laisse dans le cadre un vide tranchant et palpable, celui de la foi. Téodora va s’unir à Jésus, enfin. Commence alors l’effervescence des préparatifs : répétition de cérémonie, entretien religieux, essayage de robe et changement de nom. En amour, religieux comme laïque, il faut savoir s’abandonner à l’autre, inconditionnellement. Douce et gracieuse, Téodora est prête à se sacrifier. Cachée sous un lourd tissu noir, son corps n’existe déjà plus. Déshumanisée, elle peut prétendre aux noces spirituelles. Après Voyage dans l’irréalité immédiate, Anca Hirte renoue ici avec l’introversion cinématographique. Rugueux et dépouillé, son nouveau long-métrage approche avec humilité l’amour monacale des petites mères orthodoxes.
Loin de la fureur religieuse d’Hadewijch (Bruno Dumont), Téodora semble apaisée et presque soulagée par la promesse de cet immuable engagement.
Si l’actrice excelle dans l’expression silencieuse, son regard crevant l’écran de sa ferveur, la mise en scène, plus inégale, souffre d’un manque de rythme. Seul le clocher du monastère fixe encore sur la bobine, la notion de temps. A ce flottement structurel se surajoute un abandon du sujet filmé, la cinéaste alternant entre une extrême concentration sur le visage de la promise et une retraite totale de l’objectif dans un recoin de la pièce. Loin de se sublimer par cette absence de point de vue, le visage délaissée de la jeune fille, se referme. Froides et superficielles, les interactions avec les autres petites mères lassent un spectateur exclut de l’évènement qui se prépare. Confidentes attitrées de la mariée, ces dernières passent négligemment dans le cadre, sans réelle implication. Hermétique, le film tombe alors dans une solennité guère propice à l’empathie.
Esthétiquement, le pari est réussi et l’’image, par son subtil jeu des luminosités, trace sur les murs dénudés de Varatec, une véritable partition sentimentale. De l’amour à la fusion, de la souffrance au plaisir et de la frustration à l’extase, la clé pour trouver Dieu n’est pas la plus évidente. Parfois, c’est la dureté de l’amour sans retour qui éprouve ; tantôt c’est la société qui empêche la rencontre. Sur le canapé du salon, la mère de Téodora, n’a pas eu l’occasion de rejoindre Jésus. Arrivée jeune fille au monastère, son rêve tombe sous les coups de la politique de Caucescu. Chassée du monastère, elle est priée de se marier et de faire des enfants. Ce qu’elle fera. Par ce mariage avec Dieu, Téodora prolonge cette vie inachevée.
Dans Téodora pécheresse, tout est question de perte et d’identité. Privé de son mari depuis sa mort, Anca Hirte expie par cette catharsis cinématographique cette souffrance si particulière qu’est celle d’aimer une icône. Un essai touchant et sincère, baignée d’une belle résonance personnelle, qui peine pourtant à convaincre.
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