Into the woods
Le 15 juin 2016
La sensation horrifique des festivals de Sundance et Toronto se montre-t-elle à la hauteur de sa flatteuse réputation ? Nous l’avons vue à Gérardmer. Réponse imminente.
- Réalisateur : Robert Eggers
- Acteurs : Kate Dickie, Anya Taylor Joy , Ralph Ineson , Harvey Scrimshaw
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain, Canadien
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 15 juin 2016
- Festival : Gérardmer 2016
La sensation horrifique des festivals de Sundance et Toronto se montre-t-elle à la hauteur de sa flatteuse réputation ? Nous l’avons vue à Gérardmer. Réponse imminente.
L’argument : 1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établit à la limite de la civilisation menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres.
Notre avis : C’est précédé d’un buzz conséquent que The Witch débarquait au sein de la 23ème édition du festival de Gérardmer. Très remarqué outre-Atlantique, que ce soit du côté des festivals de Sundance (Prix du meilleur réalisateur dans la catégorie U.S. Dramatic) ou de Toronto, le premier film signé Robert Eggers se profilait en concurrent sérieux à l’obtention d’une récompense de prestige dans les Vosges. À l’arrivée, seul le jury SyFy aura été conquis. Un prix mineur certes, mais un prix tout de même pour ce qui restera l’une des principales attractions de ce cru 2016. Avec The Witch, Eggers en appelle à l’imagination et aux peurs les plus enfuies du spectateur. Si le cinéaste avait choisi d’échafauder son film à partir d’une citation, alors celle de l’écrivain Howard Phillips Lovecraft clamant : « l’émotion la plus ancienne et la plus puissante que connaisse l’humanité est la peur, et la peur la plus ancienne et la plus terrible qui soit, c’est celle de l’inconnu » s’y prêterait à merveille. La notion d’inconnu renfermerait dans ce cas précis cette forêt mystérieuse et impénétrable, véritable personnage à part entière du long métrage, voir à travers un tout autre niveau de lecture, l’inconnu rattaché au mal originel dans sa forme la plus pure. Le film va nous entraîner de plein fouet au cœur d’une terreur paranoïaque versant subtilement dans le surnaturel.
Dans la Nouvelle-Angleterre du XVIIème siècle, une famille en marge de par son intégrisme, décide de quitter son village de colons pour partir s’installer aux abords des bois. Nous prenons place au centre de cette petite cellule familiale enfermée dans un fondamentalisme religieux où le péché n’a pas sa place (tout le monde doit s’en remettre à Dieu et le moindre écart y est proscrit). La forêt ténébreuse des alentours renfermant une présence malfaisante va venir se heurter violemment avec leurs profondes convictions. Nous voilà parés à partager un véritable cauchemar éveillé en présence de chacun des membres de ce foyer excessivement pieux. Si sorcière il y a dans The Witch, comme celle repérable à l’intérieur d’un bon recueil de contes classiques sauce frères Grimm, elle y apparaît sous une forme à la maléfique et changeante séduction (nous découvrirons qu’elle demeure la symbolique d’un éveil à la sexualité que la plupart des personnages s’échinent à refouler car élevés dans la condamnation du désir). De séquences fantasmagoriques troublantes, affirmées par une photographie somptueuse (les séquences de fins éclairées à la bougie ne sont pas sans rappeler certains tableaux de maîtres) en passant par des plans sylvestres d’une obsédante beauté, le film n’hésite pas à prendre son temps pour rendre habillement compte de l’ambiguïté troublante de son récit. À propos du rythme, il est envisageable que les quelques longueurs qui accompagnent le déroulement des évènements puissent déconcerter une partie de l’audience, sachant qu’elles se montrent cependant nécessaires à l’élaboration d’une montée en tension anxiogène où la paranoïa ambiante ne fait que s’accentuer.
Si l’on ressent à de nombreuses reprises le film mener de front une charge contre l’intégrisme religieux, celui-ci choisira néanmoins d’installer ses quartiers dans une authentique dimension fantastique, expiant au passage toute trace de la métaphore formelle attendue sur les dommages collatéraux engendrés par la problématique religieuse. Ce point de non-retour intervient définitivement lors d’un final qui nous invite à assister à une émancipation absolument terrifiante. On signalera également que le casting se place à la hauteur de l’exercice. Ralph Ineson (le père de famille rigoriste) et la jeune adolescente Anya Taylor Joy parviennent tous deux à rendre leurs personnages saisissants de crédibilité. Cette œuvre personnelle et intransigeante révèle en tout les cas un cinéaste prometteur. Complexe, bien interprété, filmé avec élégance et disposant de différentes couches de lecture à explorer, The Witch ensorcelle littéralement. De cette ambiance à la fois pesante et surnaturelle, le film en tire un pur moment de frayeur mentale.
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Marla 18 juin 2016
The Witch (The VVitch) - la critique du film
Le film ne m’a vraiment pas passionnée. Il existe bien mieux en matière de cinéma d’horreur.
Frédéric Mignard 20 décembre 2016
The Witch (The VVitch) - la critique du film
Intéressante variation sur le thème de la bigoterie et de la paranoïa, The VVitch est souvent brillant dans sa réalisation, mais il lui manque la notion de rythme.