Marche avec les zombies
Le 30 janvier 2014
Les rôdeurs rappliquent pour un troisième volet, souvent exceptionnel, qui tend toutefois à ralentir le rythme dans sa seconde moitié. Carnage sanglant et immersion dans les tréfonds de l’âme humaine garantis !
- Acteurs : David Morrissey, Andrew Lincoln, Sarah Wayne Callis, Jon Bernthal, Steven Yeun
- Genre : Épouvante-horreur, Série télé, Film de zombies
- Nationalité : Américain
- : Wild Side Video
- Durée : 16X40mn
- Voir le dossier : La série The Walking Dead
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Sortie DVD : le 25 septembre 2013
Les rôdeurs rappliquent pour un troisième volet, souvent exceptionnel, qui tend toutefois à ralentir le rythme dans sa seconde moitié. Carnage sanglant et immersion dans les tréfonds de l’âme humaine garantis !
Notre avis : Pour sa troisième saison, la série mythique d’AMC débarque enfin en vidéo en France. Les plus impatients des fans de la BD, ont pu déjà découvrir les épisodes sur la toile (c’est que localement cela fait un an qu’elle a été diffusée, les Américains vont désormais s’atteler à la 4e tranche en octobre), mais pour la France, en vidéo, c’est chaque année en septembre... Alors une question s’impose de prime abord. La série a-t-elle retrouvée le rythme languissant et ronflant des premiers épisodes ? Ou au contraire, a-t-elle réitéré l’exploit de la seconde fournée, qui atteignait une forme de perfection dans son genre ? Cette dernière était écrite avec rythme, offrant enfin les ravages gores longtemps escomptés par les fans, que même les films de zombies au cinéma n’osaient plus étaler au cinéma. Walking Dead saison 2 s’envoyait joliment en l’air en fin de série avec une noirceur rarement égalée à l’écran, un paroxysme dramatique, à la fois tragique et cathartique, ne laissant aucun spectateur indemne.
Que les orphelins de George A. Romero et de Lucio Fulci de la grande époque se rassurent, le troisième temps est presque équivalent à son prédécesseur. La nouvelle saison s’érige en monument télévisuel du macabre, du gore XXX, qui pourrait sans bien mal rivaliser avec les débauches carnassières d’un Cannibal Holocaust ou d’un Irréversible, au vu des démembrements, des crânes défoncés, des éviscérations à répétition. Même au cinéma, il est difficile de trouver plus violent. Si l’on jugeait un spectacle à ses dérives outrancières, sa surenchère de grands déballages sanguinolents et son voyeurisme impudent, TWD3 serait sans nul doute à recommander aux plus sadiques des téléspectateurs. Mais il est évident qu’on ne basera pas son jugement sur cette série en se contentant d’observer son sadisme avoué, mais plutôt sur la qualité de ses personnages, la force de leur réflexion, la pertinence d’une approche à placer des archétypes de la normalité, dans une situation apocalyptique qui va modifier le rapport des unes aux autres.
Evidemment, la saison 3 est celle du Gouverneur, personnage adulé par les lecteurs de la BD qui débarque ici sous les traits de David Morrissey. Cet être trouble, aux secrets douloureux, entre le gourou et le leader, vient raviver une thématique qui était déjà latente à la fin de la saison 2... Peut-on survivre en étant individualiste ou faut-il trouver sa place au sein d’un groupe ? Auquel cas comment intégrer la communauté quand la confiance dans l’autre a été rongée par des expériences de meurtres et de trahisons ? Quel avenir pour les plus faibles ? Deviennent-ils forcément de la chair fraîche pour les morts ou des agneaux pour les loups humains, qui profitent de la situation pour laisser leurs instincts monstrueux se dévoiler ? Le rapport au leadership et l’importance des décisions aux multiples conséquences sur la communauté deviennent ici obsessionnels, taraudant le gentil flic Rick, méconnaissable, après tous les coups que lui infligent ses propres décisions (mort de proches, très proches même, trahisons, complots...). Hanté par des visions fantasmagoriques, il déambule tel un cadavre, dirigeant sa communauté dans le souci de la préserver, au risque d’éliminer des innocents qui pourraient représenter une menace. Il trouve dans le personnage du Gouverneur, qui dirige une ville fortifiée, pas très loin d’une prison infestée qu’il a investie avec sa famille et ses proches, un alter ego diabolique, dont l’ambiguïté nous résout à ne jamais crier au manichéisme primaire.
Le scénario est bâti de façon magistrale, scindant les personnages à l’issue de la 2e saison. Andréa, par exemple, est recueillie par une étrange femme noire au sabre acéré, qui est affublée de deux esclaves d’outre-tombe, sans bras et sans mâchoire. Elle rejoint la troupe du Gouverneur, dont elle va tomber amoureuse, en ignorant ses travers de tortionnaire et de manipulateur égoïste.
Alors que la saison 2 se défaussait de nombreux personnages principaux de façon spectaculaire dans sa toute fin, on perd ici aussi des piliers de la série, lors de rebondissements qui viennent donner le vertige lors des 8 premiers épisodes, totalement addictifs. The Walking Dead saison 3 nous surprend avec un crescendo foudroyant durant la première moitié de cet enchaînement serré de 16 épisodes, la mise en scène est au diapason avec des plans vraiment forts, agités de la caméra quand il le faut, qui nous entraînent bien loin des péchés passés des séries télévisées, pour se rapprocher un peu plus du très grand écran ou de l’univers fluide du jeu vidéo. Le budget est là, le talent aussi... on ne le niera pas.
Toutefois, un bémol à cette nouvelle aventure morbide, est à déplorer (et encore !), les épisodes de la deuxième moitié, aussi intéressants et justifiés soient-ils, n’arrivent pas à garder le rythme paroxysmique des premiers épisodes qui lorgnent parfois sur la série Lost (les coups de téléphone de l’au-delà au sein de la prison que seul Rick entend...). Ils ne déméritent pas pour autant, avec leur approche au scalpel des différents caractères ; ils approfondissent l’évolution des psychologies et proposent des apartés bienvenus sur des personnages ou des groupes d’individus qui permettent d’enrichir le visionnage.
The Walking Dead et son irrésistible volonté de triturer les mots "civilisation" et "civilisé" demeure dans cette saison 3 une allégorie politique d’anticipation de haute tenue que n’aurait pas reniée le George Miller de Mad Max, une aventure humaine dans les eaux saumâtres de la mort, où la tendance des êtres pour la barbarie et la sauvagerie trouve toujours une contrepartie salvatrice dans la bonté de certains personnages.
La fin annonce une reconstruction, avec un groupe plus large, mais en redéfinissant le mot "famille", qui, elle, est abîmée par des sorties inattendues et d’autant plus bouleversantes. TWD3 finit par redistribuer les cartes et nous, comme des zombies affamés, on en ressort une fois de plus totalement accro !
Le test DVD
Avis contrasté concernant l’édition DVD qui ne satisfait pas sur un plan visuel. Gare aux bonus, ils sont si nombreux, qu’on n’a pas eu le temps de s’y pencher.
Les suppléments :
Les DVD sont arrivés très tardivement et il a déjà fallu zyeuter l’intégralité de la série. Pas le temps donc cette fois-ci pour les bonus, à part quelques scènes supplémentaires vues sur le 5e disque, entièrement consacré aux compléments que nous vous listons ci-dessous :
– "Mauvais oeil : le Gouverneur"
– "Loin des yeux, près du coeur"
– "Hommage aux morts"
– "L’âme d’une guerrière"
– "La création des zombies"
– "Michonne contre le Gouverneur"
– "Tel père, tel fils"
– "En sécurité derrière les barreaux"
– 6 scènes coupées
– Commentaires audio de l’équipe (VO)
– Bandes annonces
On notera qu’à l’occasion de cette sortie événement, l’éditeur Wild Side s’est armé de plusieurs éditions, notamment d’un blu-ray collector avec packaging reproduisant l’aquarium de têtes du Gouverneur. Un must pour les collectionneurs, trouvable exclusivement sur internet. D’autres éditions avec figurines, ou l’intégrale de la série arrivent dans la foulée... Il y aura de quoi nourrir les ventes jusqu’à Noël.
L’image :
Franchement passable ! Le master SD est caractérisé par une définition grossière et terne. Les approximations de l’image devraient inciter les plus récalcitrants à passer au blu-ray !
Le son :
Techniquement, la rédemption passe cette fois-ci par le son grâce à une dynamique en 5.1 DD, VO ou VF franchement satisfaisante. Voix limpides, spatialisation fouillée sur les 5 canaux... A ce niveau, on se rend compte que la série n’a aucun complexe à avoir face aux standards des productions cinématographiques.
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