The Texican - la critique du film + le test DVD

Notre avis : Dans la longue et prolifique carrière de Lesley Selander (plus d’une centaine de films, dont la plupart sont des westerns, tournés de 1936 à 1968 à un rythme fou, jusqu’à cinq en 1951), The texican appartient à la toute fin et constitue le remake d’un de ses propres films, Panhandle (1948). Et à l’époque (1966), The texican a dû déjà paraître anachronique, au moment où Leone avait entamé la révolution du genre et où Peckinpah lui apportait un souffle nouveau. Car de souffle, il en manque singulièrement ; le rythme en est apathique, arthritique même a-t-on envie de dire en voyant marcher Broderick Crawford. À tel point qu’on se prend à penser qu’il s’agit d’une contre-révolution, un western fait essentiellement de passages vides, de discussions, qui retardent sans fin l’inévitable règlement de comptes. Le héros s’enfuit devant des coups de feu, arrive trop tard, ignore un meurtre à l’étage ; il y a certes une bagarre dans le saloon, mais le reste semble frappé de paralysie, et la belle utilisation initiale des décors naturels tourne au confinement ressassé.

Il faut dire que l’histoire n’est pas non plus de toute fraîcheur : la vengeance face à un homme puissant qui possède la ville, on a déjà vu ça cent fois, sans que le scénario la revitalise vraiment. Si quelques idées semblent prometteuses, tel ce chasseur de primes taraudé par des besoins financiers, elles disparaissent assez vite au profit (si on ose dire) de personnages plus convenus. Comme le souligne Guérif dans les bonus, les femmes sont particulièrement mal traitées, d’autant que leurs interprètes n’ont pas un charisme étourdissant. Mais ce sont aussi les seconds rôles, bâclés, qui souffrent de comédiens sans épaisseur. Audie Murphy a encore de la prestance, mais même lui ne semble plus y croire et son enquête pataude à la recherche de preuves relève du comique involontaire.
Pourtant, Selander a du métier, et ça se voit : il manie le travelling élégant dans les rues, maîtrise un duel dans la poussière et le vent, réussit l’affrontement final. C’est bien, mais nettement insuffisant face aux longs passages à vide de ce western hors d’âge. Dire qu’on s’y ennuie serait excessif, mais il intéressera surtout les mordus du genre, qui ne voudront pas rater pareille rareté.

Les suppléments :
En six minutes, François Guérif distribue les bons (Broderick Crawford) et les mauvais points (le doublage, les rôles féminins), alors que Patrick Brion se désole devant un film décevant (9mn). À quoi s’ajoutent bande-annonce et galerie photos. Précisons que pour cette fournée de westerns, Sidonis a cru bon d’ajouter une introduction d’Olivier Minne plutôt dispensable.

L’image :
De nombreux points blancs et autres parasites plus ou moins discrets, des couleurs légèrement affadies. Pas de miracle donc pour ce film rare.

Le son :
Même si le son date un peu, les dialogues sont limpides et la musique a de la présence. Quant à la belle voix rauque de Crawford, elle passe admirablement. Pas de VF.