Le 30 janvier 2021
A la fois récit initiatique et film d’épouvante, ce premier long métrage témoigne d’un sens certain de l’atmosphère et offre quelques jolis moments d’angoisse.
- Réalisateurs : Tord Danielsson - Oskar Mellander
- Acteurs : Dilan Gwyn, Jakob Fahlstedt, Niklas Jarneheim
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Suédois
- Durée : 1h45min
- Titre original : Andra sidan
- Festival : Festival de Gérardmer 2021
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Résumé : Shirin, débutante dans son rôle de belle-mère, emménage dans une maison jumelée à une autre avec son partenaire Fredrik et son fils Lucas. Ce nouveau foyer lui semble être l’endroit idéal pour fonder une famille. Mais lorsque Fredrik part en déplacement professionnel, Shirin entend des bruits étranges émanant de l’autre moitié du pavillon, alors que Lucas se fait un nouvel ami.
Critique : Ce premier long métrage de Tord Danielsson et Oskar Mellander semble réciter la grammaire complète du film d’épouvante, avec tout ce qu’il faut de formellement impeccable pour qu’on y attache un certain intérêt, tout en y voyant les preuves d’un exercice appliqué. Dès le début in medias res, qui renvoie au drame vers lequel le scénario converge, dès le générique qu’on croirait issu de l’excellente série Dark, ambiance sonore comprise, The Other Side multiplie les emprunts, tout en s’appuyant sur des décors et des effets sans surprise, privilégiant le cadre lugubre d’une maison hantée, les pouvoirs d’un enfant qui semble soliloquer (on a bien dit "semble"), des couloirs sombres saisis par de précautionneux travellings, des plongées lorsqu’un personnage monte des marches comme s’il avait l’air de les gravir, des contre-plongées quand il s’agit d’un grenier, quelques profondeurs de champ, un usage parfois abusif de la caméra subjective. Le film offre même un clin d’œil explicite, en l’occurrence un ballon, soudain présent dans le cadre, pour attirer l’attention du petit garçon extralucide, qui a vécu l’expérience du deuil à travers la mort de sa mère.
Certes, le fantôme de Stanley Kubrick ne traverse pas les murs. Toutefois, il infuse dans bien des séquences, même si la géographie des lieux s’avère nettement moins impressionnante que dans Shining. Tout le mystère tient à la présence ou à l’absence de l’enfant avec qui Lucas paraît jouer : d’abord, le récit capitalise sur cette incertitude, nourrie par un huis clos entre la belle-mère et le fils (le scénario expédie le père hors du domicile, alors que la jeune femme doit non seulement subir les phénomènes angoissants, mais aussi les soupçons de maltraitance, qui font d’elle l’affreuse marâtre des contes). Le dernier quart d’heure bascule vers un affrontement horrifique plus banal, quoique hautement symbolique, confirmant les enjeux affectifs qu’on devinait dès le début de l’histoire.
Le suspense n’est pas surligné pas un déluge de sons extradiégétiques. Au contraire, le plus souvent, tout se tait dans l’attente de ce qui va advenir, jusqu’à la probabilité d’une intrusion surnaturelle que le compagnon de Shirin, de retour chez lui, ne croit évidemment pas. Petit à petit, le voisinage va semer des indices qui nous permettront de songer à un puzzle macabre, sans pouvoir totalement le reconstituer (la disparition d’un enfant, idée déjà exploitée dans beaucoup de films d’angoisse). Mais, en fait, la vérité est ailleurs, dans le cerveau de la protagoniste, qui voudrait trouver sa place au sein de sa nouvelle famille...
Privilégiant les couleurs froides et un rythme lent assorti à son propos, The Other Side témoigne d’un vrai sens de l’atmosphère, même s’il n’innove ni sur la forme, ni sur le fond.
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