The Nest - critique de la série TV

Notre avis : Drôle de format. 1h40 pour 4 petits épisodes qui auraient très bien pu fusionner en un long métrage... The Nest avait tous les éléments de la pépite indie. Mais pourquoi pas après tout, ces 4 segments nourrissent une forme de suspense. Ils décrivent la quête spirituelle d’un jeune militaire gay vers le fantôme de son grand frère, chassé par sa famille quand il n’était qu’un gamin, pour sa sexualité réprimée par la pensée catho locale. La construction en une mini-série se justifie dès lors dans sa progression, sans rebondissement pompier, dans le drame intimiste et sensoriel. Ce jeune homme, à la fois tendre, innocent, soucieux de l’autre, réussira-t-il à retrouver enfin sa chair et réparer les dégâts sociétaux qui ont fêlé ces rapports fraternels si essentiels ?
Le projet a été mis en place par deux jeunes réalisateurs, à partir de leurs rencontres personnelles, avec des marginaux, des communautés d’adoption. Il vient aussi de leur besoin d’évoquer la famille d’aujourd’hui, au Brésil, alors que leur nation est décriée par les associations défendant les droits de l’Homme, comme la terre la plus homophobe au monde.
Débarqué à Porto Alegre, le troufion paumé déserte les rangs pour trouver sa raison de vivre. Dans un environnement pas toujours accueillant, l’hostilité disparaît quand il rencontre une troupe d’homos totalement décomplexés, aux looks destroy que d’aucuns pourraient qualifier de provocateurs, mais qui sont autant de réponses militantes aux violences subies au quotidien, comme à l’école (le groupe Facebook "Je voudrais que cette tafiole crève", d’un subtil camarade de classe !).
Loin des clichés d’initiation érotique, obsédés par l’effeuillage de jeunes hommes, la série met en scène la faune de la nuit, transexuels, extravertis... avec une douceur de regard inattendue. Les solitudes et souffrances, les peurs et les doutes, sont traités avec une pudeur qui confine à la beauté des êtres dans leurs diversités. Toujours avec une touche de sobriété inhérente aux grandes productions indépendantes, et un sens du cadrage, de la photographie et de la musique, qui offre une valeur chaleureuse aux errances, The Nest relève d’un alliage de talents, et de circonstances miraculeuses.
On citera, le talent du visuel, un piqué de cinéma, des plans recherchés qui cristallisent les émotions et éclaboussent les instants de bonheur, et un casting de jeunes comédiens formidables, dominé par la douceur de regard de Nicolas Vargas, qui apporte une humanité à son rôle comme peu d’acteurs sont en capables.
The Nest finit de façon magistrale, pour ne pas saborder le projet. Une réussite qui ne devrait pas se restreindre à la seule audience homosexuelle.

Le DVD

Les suppléments :

Interview de 12 minutes des réalisateurs. On retiendra que l’un est très habile en anglais, l’autre pas.

L’image :

Souvent somptueuse. Parfois un peu de grain, en fonction des scènes, mais toujours puissante pour affirmer la recherche esthétique des auteurs.

Le son :

La stéréo devient efficace dès qu’il s’agit d’incorporer les éléments musicaux. Pas de VF pour les adeptes : du brésilien exclusivement, avec éventuellement les sous-titres pour les sourds et malentendants.