Le 9 février 2021
Une histoire de fantômes à l’atmosphère singulière, qui parasite le genre fantastique pour évoquer la solitude d’un homme condamné à la servitude d’une vie de souffrances. Prodigieux.
- Réalisateur : Lenny Abrahamson
- Acteurs : Charlotte Rampling, Will Poulter, Domhnall Gleeson, Ruth Wilson
- Genre : Drame, Fantastique, Épouvante-horreur, Drame fantastique
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 1h52min
- VOD : MyCanal, Youtube, Universciné
- Date télé : 3 avril 2021 20:40
- Chaîne : OCS Max
- Titre original : The Little Stranger
- Date de sortie : 26 septembre 2018
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Résumé : Fils d’une modeste domestique, le docteur Faraday s’est construit une existence tranquille et respectable en devenant médecin de campagne. En 1947, lors d’un été particulièrement long et chaud, il est appelé au chevet d’une patiente à Hundreds Hall, où sa mère fut employée autrefois.
Critique : The Little Stranger, adapté du roman éponyme de Sarah Waters, relève du cas emblématique d’une œuvre terriblement équivoque, où chacun peut dénicher sa propre lecture tropologique. À la fois fresque historique, chronique sociale d’un monde en décrépitude, étude de caractère et métaphore analogique d’une certaine lutte des classes, The Little Stranger ne peut se synthétiser en une énumération de genres plus ou moins fusionnels, il s’agit ici d’un long métrage qui ne ressemble finalement qu’à lui-même. Le film suit le docteur Faraday, qui semble entretenir un lien aussi trouble qu’immanent avec une vieille demeure victorienne, perdue dans la campagne anglaise. Un lien si puissant qu’il se désiste d’un poste stratégique à Londres, pour installer son cabinet dans un petit village, à proximité immédiate de Hundred’s Hall, la fameuse demeure.
Un jour, il parvient enfin à entrer dans le domaine en étant convoqué par la famille Ayres, propriétaire des lieux depuis deux siècles. On a tous quelque chose à cacher, un souvenir, une frustration, une envie, et The Little Stranger le montre avec un savoir-faire d’exception. Lenny Abrahamson, le réalisateur, maîtrise parfaitement ses effets de mise en scène et s’attarde longuement sur les visages de ses acteurs, afin d’y percer ne serait-ce que le clignement d’une paupière, pour prolonger son ambition scénographique. Baignée d’une lumière tantôt rassurante tantôt claustrophobique, la bâtisse de The Little Stranger, à l’image des grandes œuvres littéraires de l’époque victorienne, constitue un microcosme qui cristallise les émotions humaines et les vices des personnages. Une atmosphère de mort règne au sein de ce long métrage, elle est traduite avec maestria sur l’écran, la direction d’acteurs étant excellente. On évoquera en particulier le jeune Domhall Gleeson, interprète principal, et le travail accordé à la direction artistique, impeccable.
Si certaines séquences induisent à penser que l’épouvante guette la narration, The Little Stranger évoque bien plus le portrait d’un "étranger", aux coutumes de la caste supérieure, un étranger au sentiment amoureux, un homme se cachant derrière son rôle de médecin mais qui, en réalité, entretient une fascination perverse, muée par de sombres desseins, pour cette famille et son histoire. Tel un insecte indésirable, le personnage incarné par Domhall Gleeson (brillant) s’insinue peu à peu entre les murs de l’édifice, tiraillé entre la médiocrité d’un individu faussement naïf et la noirceur qui l’anime continuellement, lui qui espérait une autre vie. Pas facile d’accès, The Little Stranger est malheureusement sorti dans l’indifférence générale et mérite qu’on l’érige parmi ces œuvres ténébreuses et ambivalentes, où l’on peut langoureusement se perdre pour ne plus jamais en sortir.
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