Au bord de la crise de nerfs
Le 31 août 2015
Parabole greco-bulgare, The lesson fait crisser ses principes sur le tableau de l’éducation.


- Réalisateurs : Kristina Grozeva - Petar Valchanov
- Acteurs : Ivan Barnev, Margita Gosheva, Ivan Sasov
- Genre : Drame
- Nationalité : Grec, Bulgare
- Durée : 01h45mn
- Titre original : Urok

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Parabole greco-bulgare, The lesson fait crisser ses principes sur le tableau de l’éducation.
L’argument : Dans une petite ville bulgare, Nadia, enseignante d’anglais, cherche à confondre un de ses élèves qu’elle soupçonne de vol, en rappelant à la classe les principes moraux de la vie en société. Au même moment, de lourdes difficultés financières menacent sa famille. Déterminée à garder la tête hors de l’eau, elle tente par tous les moyens de collecter l’argent nécessaire avant qu’il ne soit trop tard. Jusqu’où ira-t-elle pour sauver sa famille ?
Notre avis : Formatif sans être absolutiste, philosophique sans être totalitaire, le premier film de Kristina Grozeva et Petar Valchanov ordonne les préceptes de solidarité les plus élémentaires à l’écran. Nadezhda, professeur d’anglais dans une école secondaire, est parallèlement confrontée à une situation financière tragique et à une série de petits larcins à répétition dans sa classe. La jeune femme, profondément atteinte dans sa dignité, étouffe les vieux démons sous l’étendard de sa morale.
© Good films
The lesson créé un suspens ignoble ; le spectateur n’a de cesse de s’interroger sur l’étendue de sa force intellectuelle. Menacée d’expulsion, confrontée à la prostitution, l’enseignante ne brade ni son corps, ni son esprit. Elle fait le choix de l’illégalité. Acculée, Nadezha braque une banque. Elle redéfinit à travers cet acte la notion de vertu, pour elle, pour ses élèves, pour les autres.
Asphyxiée par une sévère crise économique en 1996 et 1997, la Bulgarie combat, comme bon nombre de pays, la loi du marché. Intégrée depuis 2007 à l’Union Européenne, la population Bulgare ploie toujours sous le joug de la consommation.
© Good films
Oppressée par les crédits, par les salaires non-versés, par l’inaction des banques, celle-ci survit à travers des solutions de fortunes en obéissant aux nouvelles règles du jeu. Dans cet enfer organisé, il n’est guère plus de porte de sortie que la corruption. Certains glissent un billet aux agents de la municipalité, d’autres offrent un verre à l’employé d’une structure importante. La perception de la criminalité diffère de celle de nos pays occidentaux.
Premier volet d’une trilogie sur la dictature du profit, The lesson offre au spectateur assez de douceur pour qu’il puisse en accepter la dure réalité. A l’ombre de figures menaçantes et d’institutions hostiles, la femme plus encore que l’homme, doit lutter pour sa survie. On en vient à se demander, comme toujours, le temps qu’il faut à l’être humain pour apprendre, cette leçon et toutes les autres.