Sang pour sang
Le 28 juin 2017
Même les zombies ont besoin d’amour dans ce film post-apocalyptique porté par une actrice débutante très prometteuse.
- Réalisateur : Colm McCarthy
- Acteurs : Paddy Considine, Glenn Close, Anamaria Marinca, Gemma Arterton, Sennia Nanua
- Genre : Drame, Thriller, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : La Belle Company
- Durée : 1h52mn
- Date télé : 1er février 2023 22:30
- Chaîne : RTL9
- Titre original : The Girl with All the Gifts
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 28 juin 2017
- Festival : Gérardmer 2017
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Résumé : Au fin fond de la campagne anglaise, une base militaire héberge et retient prisonniers un groupe d’enfants peu ordinaires qui, malgré le fait d’avoir été infectés par un agent pathogène "zombie" ayant décimé la planète, demeurent capables de penser et ressentir des émotions. Lorsque la base est attaquée, Mélanie, qui semble être la plus surdouée d’entre eux, réussit à s’échapper en compagnie de son professeur, de deux soldats et d’une biologiste qui ne voit en elle qu’un cobaye indispensable à la découverte d’un vaccin. Dans une Angleterre dévastée, Mélanie doit découvrir qui elle est vraiment et décider ainsi de son propre sort comme de celui de l’humanité tout entière.
Critique : Mais quelle est donc cette étrange maladie qui touche les cinéastes dès qu’il s’agit d’envisager un futur proche ? C’est à croire que pour les réalisateurs, l’apocalypse ne peut qu’avoir lieu, et qu’exposer une dystopie est encore le plus salutaire pour le public, afin de le préparer au mieux. Apocalypse donc, épidémies, pandémies, ouragans… Jusqu’où ira le cinéma pour entraîner le spectateur dans ses angoisses d’un avenir très sombre ?
L’ouvrage de M.R. Carey ne pouvait qu’intéresser le réalisateur Colm McCarthy, qui y a vu l’opportunité de combiner plusieurs éléments phares de la dystopie élémentaire : un champignon est à l’origine d’une maladie virale extrêmement contagieuse pour l’homme, laquelle se serait répandue à la vitesse de l’éclair sur la planète toute entière. La pandémie faisant rage, des chercheurs se sont isolés avec des cobayes pour tenter de trouver un remède, alors qu’à l’extérieur le plus doux des hommes devient un zombie avide de chair humaine ! Rien d’original ? Et pourtant si...
The Last Girl se distingue en mettant en scène des enfants et de jeunes adolescents, touchés dès l’état de fœtus par la maladie. La caméra, posée à leur hauteur, offre au public la possibilité de comprendre comment la jeunesse vivrait un tel évènement, au cœur d’une période enthousiasmante et pleine de promesses d’avenir.
- {{Copyright Aimee Spinks - Gift Girl Limited / The British Film Institute 2016}}
Divisé en plusieurs parties, le long-métrage met certes du temps à démarrer, notamment parce qu’il a fait le pari du mystère jusqu’au bout, laissant le spectateur dans le flou sur la présence de ces enfants dans une base militaire ultra-sécurisée. Si cette première partie plante le décor tout en souffrant d’une certaine lenteur, suivie de près par une seconde partie qui expose les conséquences d’une zombination totale de l’humanité, c’est au cœur de la dernière demi-heure que le film prend tout son sens. Créant le malaise grâce aux questions qu’il soulève sur les responsabilités des uns et des autres, The Last Girl, sélectionné à Gérardmer 2017, montre toute son originalité quand il s’agit de sa morale. Il pose les bonnes questions, dont l’une particulièrement déplaisante pour le spectateur lambda : et si l’ère de l’homme était finie, et si celle des zombies devait immanquablement commencer ? Et si c’était eux, les fameux mutants, promis à succéder à l’Homme dans la société ?
Pour porter des questionnements aussi lourds, qui titillent notre vision souvent très sombre de l’avenir (nul besoin du cinéma, du moins en France, pour manifester son pessimisme), le film s’appuie sur une actrice débutante. Sennia Nenua porte le métrage sur ses épaules : tout son talent s’exprime dans la dernière partie du film, où elle déploie une force physique et mentale qui nourrit le propos. Entourée par un casting surprenant, elle trimbale ses yeux innocents dans un monde qui cherche à faire d’elle une coupable idéale.
- {{Copyright Aimee Spinks - Gift Girl Limited / The British Film Institute 2016}}
Si Paddy Considine est comme toujours impeccable et Glenn Close aussi glaçante qu’elle peut l’être (comme le sait tout bon cinéphile), c’est Gemma Arterton qui se distingue car, pour une fois, sa plastique et son joli minois ne sont pas mis en avant. Dépassé par les évènements, terrifiée par ce qu’est devenue sa planète et ce que cela implique pour son avenir, son personnage apporte la touche maternelle et féminine qui manque à une situation dramatique. Les scènes qu’elle partage avec Sennia Nenua sont intenses émotionnellement, car les deux actrices représentent chacune une race. Entre l’humaine et le zombie, peut-il exister un lien affectif ? C’est tout ce paradoxe qui fait le sel d’un film difficile à vendre, notamment à cause d’un mélange des genres intéressant mais délicat à appréhender.
- {{Copyright Aimee Spinks - Gift Girl Limited / The British Film Institute 2016}}
Film post-apocalyptique, dystopie intense qui expose les limites de la médecine face à Mère nature, The Last Girl devrait vieillir comme un bon vin, en attendant peut-être son heure. Si ce film catastrophe, ovni dans le paysage cinématographique, ne sera sans doute pas compris par tous, il devrait présenter un certain intérêt prémonitoire si, un jour, les zombies prennent effectivement le pouvoir. Certainement le film de zombie le plus original de ces dernières années.
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