Vive les classiques !
Le 24 novembre 2013
Sur fond d’échange de maisons, une comédie bavarde, poussive, jamais drôle qui semble contenir sa propre autocritique.


- Réalisateur : Nancy Meyers
- Acteurs : Cameron Diaz, Kate Winslet, Edward Burns, Jude Law, Jack Black, Eli Wallach, Rufus Sewell
- Genre : Comédie, Romance, Comédie romantique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 2h11mn
- Date télé : 2 janvier 2025 21:10
- Chaîne : 6ter
- Date de sortie : 27 décembre 2006

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Résumé : Une Américaine (Amanda) et une Anglaise (Iris), toutes deux déçues des hommes, décident, sans se connaître, d’échanger leurs appartements. Iris va débarquer dans une demeure de rêve tandis que la distinguée Amanda découvre une petite maison de campagne sans prétention. Les deux femmes pensent passer de paisibles vacances loin de la gent masculine, mais c’était sans compter l’arrivée du frère d’Iris dans la vie d’Amanda, et la rencontre de Miles pour Iris.
Critique : Nancy Meyers, auteur de comédies pataudes basées sur une idée "originale" (dans Ce que veulent les femmes, Mel Gibson entend toutes les idées qui passent par la tête du beau sexe tandis que Tout peut arriver s’attache aux amours de sexagénaires), récidive. Cette fois-ci, le concept génial réside dans un échange de maisons pour les vacances de Noël. Et comme il paraît que ça se fait de plus en plus, la réalisatrice est on ne peut plus "in".
Sauf que si on adore adorer des comédies romantiques tout sauf crédibles, il faut quand même qu’un minimum d’ingrédients fonctionne, ce qui n’est jamais le cas ici. Dès le début, le spectateur se retrouve soûlé de paroles par une pesante voix off. Bavardage incessant d’autant plus pénible que les dialogues sont loin de briller par leur originalité. On peut dire la même chose des situations, toutes plus clichés les unes que les autres. L’Angleterre aux-cottages-so-cosy (on s’étonne presque d’y voir un téléphone) s’oppose à l’Amérique aux grandes baraque aseptisées et aux rapports inhumains (on s’étonne presque d’y voir des vieux). L’évolution des personnages est à l’avenant : la courge apprendra à dire non quand la working girl parviendra enfin à pleurer. Quant au play-boy (arborant un bronzage des plus louches pour un Anglais), il cache un bien lourd secret... Et la mièvrerie coule à flots... Et pour couronner le tout, le quatuor d’acteurs déçoit. Seule Kate Winslet s’en sort presque indemne, malgré la faiblesse de son rôle. Pour le reste, on assiste à un pathétique concours de grimaces généralisées, dont Cameron Diaz ressort grande gagnante. Elle en fait des caisses et perd tout du petit charme qu’on pourrait éventuellement lui trouver. Elle contribue largement à plomber un spectacle qui n’en avait pas besoin.
La seule qualité de cette comédie indigente, longue, éprouvante, c’est sa lucidité. Nancy Meyers, dans un élan un brin masochiste, passe en effet son temps à citer explicitement l’âge d’or de la comédie américaine, vieux scénaristes oubliés et extraits de films à l’appui. Elle semble alors nous dire "OK, Hollywood et moi, on n’arrive pas vraiment pas à retrouver la recette, Jude Law, c’est pas Cary Grant, alors filez plutôt voir les comédies de Wilder et de Lubitsch". Un conseil qu’on n’est que trop heureux de s’empresser de suivre !