Freak show-business
Le 1er janvier 2024
Sous sa surdose de puérilité malséante, ce biopic de l’homme qui aurait soi-disant été le premier à se faire du fric avec du moche s’impose comme son parfait héritier.
- Réalisateur : Michael Gracey
- Acteurs : Michelle Williams, Hugh Jackman, Zac Efron, Zendaya , Rebecca Ferguson, Yahya Abdul-Mateen II
- Genre : Biopic, Comédie musicale, Musical
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Twentieth Century Fox France
- Durée : 1h44mn
- Date télé : 8 mai 2023 21:10
- Chaîne : CSTAR
- Box-office : 174 306 130 $ (recettes USA) / 591 849 entrées France / 177 813 entrées P.P.
- Date de sortie : 24 janvier 2018
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Résumé : L’histoire de P.T Barnum, un visionnaire parti de rien pour créer un spectacle devenu un phénomène planétaire.
Critique : Qu’on y ait adhéré ou non, on doit reconnaître à La La Land qu’il renouait avec des codes classiques de la comédie musicale, en rupture radicale avec le style de Baz Lurhmann qui avait, au début du siècle et en à peine quelques films (Roméo + Juliette, Moulin Rouge...), pris le monopole du genre. On pouvait donc espérer que le succès du film de Damien Chazelle allait relancer une mode qui s’inspirerait ouvertement de Jacques Demy et de Vincente Minnelli. Que nenni ! A peine un an après la sortie de La La Land (à un jour près, la coïncidence est trop grosse pour en être une !), voilà que sort un film qui s’inscrit dans la droite lignée du "style Lurhmann", à savoir une utilisation du medium cinématographique, pour rendre le plus tape-à-l’œil possible une imagerie initialement théâtrale. Et d’ailleurs, pourquoi vouloir voir une coïncidence dans les dates de sortie de ces deux réalisations antithétiques, alors que le principal argument de vente de The Greatest Showman est justement qu’ils disposent des mêmes compositeurs que La La Land ? C’est bien la preuve que, en terme de comédie musicale, ce que veulent nous vendre les productions est désormais bien moins le film que la bande originale.
- Copyright Twentieth Century Fox France
Aux commandes de ce produit pré-formaté, Michael Gracey. Ce parfait inconnu, originaire d’Australie (comme Baz Luhrmann... le monde est petit !), avait jusque-là travaillé dans le domaine des effets visuels. Et ça tombe bien : d’effets visuels, son premier film n’en manque pas ! Sa réalisation tourne en effet autour des vastes effets de caméra survolant des décors numériques. Sur un plan graphique, ces incrustations profitent donc de l’expérience du jeune cinéaste. Son manque d’expérience se ressent en revanche à chaque fois que sa caméra se fixe pour filmer des dialogues. Dès lors, le manque d’intensité qui ressort de ses champs/contre-champs plan-plan nous renvoie à une triste réalité : les personnages ont besoin de chanter pour exprimer ce qu’ils ont à dire !
Heureusement, grâce aux compositeurs, les paroles des chansons parviennent, bien mieux que les conversations parlées, à faire avancer le récit. Cependant, ni les interprètes ni les chorégraphies ne permettent à apporter à ces passages musicaux le lyrisme qui puisse les rendre cultes. De plus, le fait que le peu de gravité de ce film, qui se voudrait globalement léger et lumineux, soient concentré dans ces scènes musicales pèse son poids sur leur charme. Ce déséquilibre rend d’ailleurs la futilité du scénario (cosigné par Bill Condon, le réalisateur des deux derniers opus de Twilight) si flagrante qu’elle en devient même malaisante, pour en reprendre ce mot à la mode de 2017.
- Copyright Twentieth Century Fox France
Dans la peinture du rêve américain que nous propose ce soi-disant biopic, la facilité avec laquelle le héros gagne sa vie est, par exemple, d’une naïveté qui relève de la démonstration politique la plus grossière. Et tout le film est construit sur cette même mièvrerie assénée à la truelle. Les deux histoires d’amour qui devraient en faire une fresque romanesque sont, elles aussi, dépeintes avec tant de mignardise infantile qu’il est difficile de ressentir la moindre émotion pour ses personnages.
On peut tirer de ce spectacle pataud quelques musiques plus agréables que d’autres, mais celles-ci ne sont pas une excuse suffisante pour s’imposer un tel long-métrage. Entre des acteurs qui ne chantent pas particulièrement bien (ou des doublages aisément perceptibles, c’est au choix) et une histoire si prévisible qu’elle donne l’impression que ses personnages ne sont pas maîtres de leur destin, le capital sympathie de cette petite kitscherie ne peut compter que sur son énergie euphorisante... que le manque de finesse du réalisateur rend vite assommante. Un bon conseil : n’allez voir cette surenchère de bons sentiments bariolés que pour assurer à Gracey de concrétiser son prochain projet : l’adaptation live de Naruto !
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