Le 12 novembre 2020
Tezuka’s Barbara est une ballade de jazz mélancolique et sensuelle, ponctuée par des beats énergisants. La métropole est la musique et l’univers de fond où Yosuke Mikura, l’artiste dépressif, et Barbara, la muse qui lui redonne la joie de vivre, construisent une romance de perdition.
- Réalisateur : Macoto Tezuka
- Acteurs : Fumi Nikaidō, Goro Inagaki, Kiyohiko Shibukawa, Minami Bages, Shizuka Ishibashi, Eri Watanabe
- Genre : Fantastique
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Nikkatsu
- Durée : 1h40min
- Scénariste : Osamu Tezuka
- Date de sortie : 20 novembre 2020
- Festival : L’Étrange Festival 2020, Festival International du Film de Tokyo 2019
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Résumé : Le célèbre écrivain Yosuke Mikura traverse une crise créative et existentielle : il est dépassé par la honte que suscite, chez lui, le fait d’être un auteur de romans romantiques grand public. Lors de ses passages par la ville de Shinjuku, il confronte ses fantasmes et ses fétichismes, incarnés par des femmes fatales qui croisent son chemin. Mais rien ne remplit l’âme de Mikura qui est décidément face à une perte d’inspiration, jusqu’à ce qu’il rencontre Barbara, une jeune femme alcoolique à qui aucune règle ne s’applique, e somme un esprit libre. Accompagnés par le whisky, Mikura et Barbara entament une relation passionnée et explosive, où ils parient sur le « tout ou rien ».
Critique : Ce qui frappe au premier abord dans ce long métrage, c’est la sensation d’esthétique de manga manifestée par la façon de filmer les mouvements des personnages et le choix des cadrages. L’image, signée par Christopher Dyle, est éclatante, recherchée, saturée de couleurs et remplie de ciels d’un bleu profond. Le long métrage maintient ainsi un visuel énergisant qui est toujours accompagné de la mélancolie du jazz. Celle-ci alourdit la crise de Mikura, suscite également une sensation de film noir. L’ego de l’écrivain le ronge et l’obsède, il n’arrive pas à retrouver le goût pour la vie et l’écriture.
Le protagoniste rencontre Barbara, car il est hypnotisé par la récitation des vers d’un poème de Verlaine (« Chanson d’automne »). Ce texte reflète la monotonie et la douleur qui envahissent Mikura et la spirale aphrodisiaque qui aspirera le couple. Barbara est en effet la poésie, l’enivrement de vivre qui manquait à l’auteur dépressif. Mikura et Barbara représentent ainsi des forces en opposition : lui, la pulsion de mort (thanatos) et elle, la pulsion de vie (l’éros). Ces forces s’enflamment jusqu’à la folie et finissent par consommer le couple. C’est de cette folie qu’émerge l’inspiration profonde.
Chez Mikura, cette recherche de créativité est dénotée par le corps. On regarde des anatomies nues, mutilées, fétichisées, des mannequins morts, des femmes poupées, des femmes métamorphosées en animal ou purement intéressées par le statut et l’argent. Ici, on voit bien la preuve de l’imagination intrépide que manifeste la plume d’Osamu Tezuka (le créateur du manga). Cependant, l’adaptation du film pourrait ne pas plaire aux adeptes de la bande dessinée.
L’adaptation de cette œuvre graphique en scénario peut, certes, être perçue comme manquant de ces détails qui donnent à l’univers de la BD toute sa richesse et sa logique, notamment dans la construction des protagonistes. Par exemple, le personnage de Barbara a plus de cohérence dans le manga sous les traits d’une hippy des années 70, ou encore le personnage de la mère de Barbara, qui est une déesse maléfique.
Globalement, le film crée des moments forts, mais comporte aussi certaines faiblesses. La direction des acteurs s’avère parfois juste et parfois tellement exagérée qu’elle perd en crédibilité. Le long métrage oscille souvent entre des passages magiques et des moments clichés. Ce qui est certain, c’est qu’on ne s’ennuiera pas en découvrant cette production qui, malgré tout, crée son propre univers et s’avère plein de surprises.
Tezuka’s Barbara vise à exprimer la tragédie de la création : l’éphémère d’une inspiration ou d’une muse est illustré par la mort et le flétrissement de l’anatomie. Mikura comprendra que leur amour était plus qu’une affaire charnelle et que le corps ôté de vie ne suffit pas.
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