Les bas-fonds
Le 21 avril 2010
Rares sont les films de genre en provenance d’Iran. Voici donc le premier polar tourné dans la capitale à haut risque. À découvrir.
- Réalisateur : Nader T. Homayoun
- Acteur : Ali Ebdali
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Français, Iranien
- Distributeur : Haut et Court
- Durée : Tehroun
- Titre original : Tehroun
- Date de sortie : 14 avril 2010
- Festival : Festival de Venise 2009
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– Festival de Venise 2009 : Prix de la Semaine de la Critique
– Fribourg International Film Festival 2010 : Talent Tape Award
L’argument : Ibrahim a quitté sa province et sa famille pour tenter sa chance à Téhéran. Mais dans cette jungle urbaine où tout se vend et s’achète, le rêve peut rapidement virer au cauchemar. Mêlé à un trafic de nouveaux-nés, Ibrahim plonge dans les bas-fonds de la ville, là où cohabitent prostituées, mendiants et mafieux en tout genre.
Notre avis : Du cinéma iranien, le public occidental connaît essentiellement les films minimalistes de Kiarostami, humaniste maître du plan-séquence et du road movie, et Jafar Panahi (actuellement emprisonné), au style tout aussi néoréaliste, mais ayant pu opter pour les codes du mélodrame, voire du policier ( Sang et or et du musical. Avec Téhéran, Nader Takmil Homayoun, jusque là documentariste, propose une autre voie, tout en restant ancré dans une réalité sociale et usant de la même économie de moyens. Le ton semi-documentaire (des scènes ont été filmées sans autorisation) et la référence au polar urbain contribuent à la réussite de ce petit film, dont le « MacGuffin » n’est pas le vol d’une bicyclette, comme chez De Sica, mais celui d’un bébé, lui-même volé à une mafia locale. Toutefois le cinéaste ne cherche ni l’attendrissement émotionnel, ni la démonstration à tout prix : il livre le témoignage d’un quartier peu prisé des autorités, de par sa logique interne et sa contestation criminelle incompatible avec les vertus totalitaires de la révolution islamique, notamment depuis le pouvoir mis en place depuis 2005 par le président Ahmadinejad. Ce n’est pas pour rien que le cinéaste a dû couper certains passages trop explicites. Plusieurs séquences dénotent une maîtrise du montage et du sens narratif, qui laissent présager le meilleur pour la suite de la filmographie du réalisateur ; en attestent celles de la manche dans le métro ou de l’étonnant dénouement à l’aéroport de Téhéran. Modeste mais efficace, ce « petit film » n’a pas volé son prix de la Semaine de la critique du Festival de Venise.
Notes : Premier long-métrage de fiction du documentariste Nader T. Homayoun, Téhéran a été tourné dans des lieux publics de la capitale iranienne grâce à un mensonge. Le réalisateur a déclaré tourner un documentaire aux autorités en place. Par la suite, il a été obligé de couper certains passages trop explicites. Le réalisateur déclare que sa vision pessimiste de la société iranienne est une conséquence directe du pouvoir mis en place depuis 2005 par le président Ahmadinejad. Autant dire que l’auteur dépasse donc largement le cadre du simple film de genre pour faire œuvre de témoin d’une société minée par l’intégrisme.
- © Haut et Court
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