Teddy dans l’ombre de Riner - la critique du documentaire

Notre avis : Teddy Riner est l’un des sportifs français en activité au palmarès le plus éloquent : huit fois champion du monde, cinq fois champion d’Europe et deux médailles d’or olympique. Et ce à seulement 27 ans.
Le phénomène médiatique Teddy Riner justifie pleinement qu’une équipe de tournage le suive pendant trois ans de Rio (championnat du monde 2013) à Rio dans sa quête olympique (2016).
Sobrement intitulé Teddy dans l’ombre de Riner, ce documentaire a pour but de faire entrer le spectateur dans le quotidien du champion judoka et de lui faire découvrir sa vie durant ses jeunes années.
L’idée est bonne mais le documentaire montre rapidement ses limites par une approche trop subjective, faisant de Riner un héros bien lisse. On a la sensation d’assister à un portrait à sa gloire, simple panégyrique à la mode. D’ailleurs, ce dernier prend à moult reprises la parole via une voix-off où il évoque ses combats et ses envies, ses engagements en tant que sportif de haut niveau.
Tout est parfaitement orchestré : Riner dénote une volonté de fer, s’entraîne énormément et bat tous les adversaires qui lui sont opposés. C’est clair, net et précis. Mais justement, au bout d’un moment cela finit par devenir redondant. D’autant que le documentaire dure tout de même 2h01.
Certaines scènes auraient sans doute pu être écourtées voire supprimées. A l’image de cette séquence où Teddy Riner rend visite à Tony Parker ou lorsque, chez lui, il joue à la console avec Omar Sy. Ça a certes le mérite de confirmer qu’il fréquente des stars françaises ayant comme lui une bonne image auprès des Français, mais ça n’a pas d’autre attrait.
En fait, deux éléments principaux retiennent l’attention et permettent au spectateur de ne pas tomber dans l’ennui : les coulisses des tournois et les moments de doute du champion.
Teddy Riner est un champion hors-norme par son physique impressionnant : 2m04 pour 130 kg. Pour autant, c’est bien son approche de la compétition qui est intéressante. L’entendre raconter son parcours et la minutie de sa préparation vaut le coup. Car on a le point de vue d’un champion sur son sport et c’est toujours attrayant d’avoir sa vision des choses. Surtout que la compétition vécue n’a rien à voir avec ce qu’observe le téléspectateur. Comme le dit très justement Riner, une journée de compétition est très longue et bien différente des matchs en cinq minutes que l’on voit à la télévision.
Wild Side Vidéo
Une autre source d’intérêt réside dans les épreuves vécues par Teddy Riner. Il est certes sympathique de le voir vaincre ses adversaires ou de faire le pitre avec ses entraîneurs ou ses camarades de l’équipe de France, mais cela n’apporte rien sur le fond. En revanche, la crainte de Teddy Riner par rapport à une opération chirurgicale, les difficultés de ses parents à payer son « sport – études » durant sa jeunesse, sont autant d’événements qui donnent du piquant au documentaire. On apprend aussi avec surprise que Teddy Riner est suivi depuis plus de 10 ans par une psychologue. Ces trop rares moments prouvent que le sport est un ensemble qui dépasse largement l’idée d’entraîner et de jouer des matchs.
On regrettera également que Teddy dans l’ombre de Riner passe totalement sous silence certaines polémiques : le salaire mirobolant de la star dans son club de Levallois-Perret ; le côté mauvais perdant de Riner, qui s’en est parfois pris à ses adversaires ou aux arbitres.
Au lieu de cela, on a droit à un documentaire bien lisse mettant quasi uniquement en avant la success story, racontée d’ailleurs par le principal intéressé, pas franchement adepte de la modestie. Quelques morceaux choisis : « Je me trouve beau. C’est important d’aimer ce qu’on est. » ; « Je suis orgueilleux. »
Au final, Teddy dans l’ombre de Riner met sous les feux de la rampe le porte-drapeau de la France lors des derniers Jeux Olympiques. Sans être désagréable, ce documentaire trop lisse manque cruellement d’audace et s’adresse aux fans du judoka.

Wild Side Vidéo

Les suppléments du blu ray :
Quatre bonus, durant entre 6 et 14 minutes, évoquent notamment les premières victoires de Teddy Riner en tant que judoka ou de manière plus anecdotique ses entraînements où il aime s’amuser. On ne saisit pas bien la différence avec le film documentaire. On peut presque identifier ces bonus comme des scènes coupées.