Le 27 mai 2020
Situé entre la comédie romantique et la comédie musicale, Technoboss revisite à la façon d’un Jacques Tati le sort qui est fait aux seniors, dans un monde du travail en pleine transformation. Si le propos est attachant, les longueurs et parfois une mise en scène trop démonstrative ne convainquent pas.
- Réalisateur : João Nicolau
- Acteurs : Miguel Lobo Antunes, Luisa Cruz, Américo Silva, Sandra Faleiro
- Genre : Romance, Comédie musicale, Comédie romantique
- Nationalité : Portugais
- Distributeur : Shellac
- Durée : 1h52mn
- Date de sortie : 27 mai 2020
- Festival : Festival de Locarno 2019
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Résumé : La retraite arrive bientôt pour Luís Rovisco, un directeur des ventes excentrique au moral inébranlable. Les chansons qu’il invente tous les jours résolvent à chaque fois les obstacles qu’il rencontre dans sa vie tumultueuse. Mais devant Lucinda, la réceptionniste de l’hôtel Almadrava, il se retrouve à chanter sur un air bien différent…
Critique : Luis Rovisco ne devrait plus être très loin de la retraite. Et heureusement, car s’il a excellé dans la vente de systèmes de sécurité, la pression des clients lui semble appartenir à un autre monde. Il partage son bureau avec un jeune stagiaire rempli de bonne volonté, et un quinquagénaire qui ne serait pas mécontent de lui arracher sa place de directeur commercial. Sa vie semble des plus ternes, entre son appartement déserté de visiteurs ou d’une compagne, son chat qui va décéder brutalement, et son fils qui surgit sans prévenir pour réparer ses peines de couple. Il comble l’apparente tristesse de sa vie avec des chansons qui l’accompagnent dans ses différents déplacements professionnels. En quelque sorte, il chercher à (en)chanter son existence et les changements à l’œuvre autour de lui, avec la montée des technologies, l’individualisme rampant, et la froideur des rapports professionnels.
- Copyright Shellac
Technoboss est un film anti-générationnel. La patte poétique de João Nicolau, qu’on connaissait déjà dans John from, emprunte des chemins détournés pour dénoncer, sans violence ni colère, le sort réservé aux seniors dans l’univers du travail. On retrouve un esprit assez proche de l’œuvre de Jacques Tati, avec ses airs décalés et mélancoliques. Et il faut le dire, le comédien Miguel Lobo Antunes s’en donne à cœur joie et à pleins poumons. Il accompagne le récit avec un entrain remarquable, transformant chacune des scènes en un petit condensé de comédie musicale. Parfois, et ce n’est pas pour déplaire au spectateur, des groupes musicaux hors des sentiers battus prennent le relais, passant sans hésitation du hard rock à une mélodie plus douce et légèrement rythmée. Naturellement, pour apprécier un tel film, il faut adhérer au concept déjà bien connu de la substitution aux dialogues par les incises musicales, et à celui d’un cinéma qui choisit délibérément la fantaisie au détriment d’un scénario réaliste.
- Copyright Shellac
Mais quelque chose ne fonctionne pas sur la durée du film. Le cinéaste répète souvent les effets de style, comme cette voiture qui emmène notre héros sur ses lieux d’intervention et qui devient comme l’emblème du cinéma dans le cinéma. L’esthétique volontairement dépouillée, alliée à une image vieillie, finit par fatiguer le spectateur. En fait, Technoboss souffre du défaut majeur de la surenchère stylistique et de la longueur. Le long-métrage se serait mieux porté s’il avait bénéficié de coupes au montage. En effet, le récit se traîne et finit par se perdre dans la répétition des figures de style. Le contenu devient alors prévisible, et le spectateur peine à aller au bout de du récit dont on pressent très vite l’issue. La poésie demeure un art subtil, qui déteste l’exagération et la profusion des métaphores.
- Copyright Shellac
Même le rire, à l’exception de quelques scènes, peine à surgir. On comprend bien la cocasserie des mises en situation du héros. On comprend bien la volonté ironique du réalisateur, qui lui permet de faire un pas de côté contre le réalisme. Mais la drôlerie du propos échappe souvent, peut-être du fait d’un décalage culturel. On sait bien que l’humour se transpose difficilement d’une langue ou d’une culture à l’autre et que le drame crée plus facilement la cohésion. Bref, Technboss demeure un objet de cinéma tout à fait original et l’esprit fantasque n’aura échappé à personne. Mais l’on reste sur sa faim, comme si au bout de ces presque deux heures on était passé à côté du film.
Si le film n’avait pas exalté la rédaction, Shellac propose un petit bijou en DVD dans une version collector qui reprend les 15 titres de la bande originale. La Jacquette est soignée, donnant une nouvelle vie à cette œuvre aussi loufoque que sensible.
L’image
Le film s’intègre dans un écran réduit qui donne l’impression d’un théâtre de chansons et de mélancolie sur le téléviseur. L’image un peu passée fait figure d’un film un peu rétro.
Le son
La bande-son est soignée pour rendre compte de ce film original, entre la comédie musicale et le théâtre. La bande originale du film dans un disque annexe fait toute la différence.
Suppléments
Une petite déception pour les suppléments qui se contentent de reprendre une variation de la bande-annonce autour des thématiques principales du film, dont la barrière du parking qui constitue le meilleur de drôlerie du film.
Test DVD/Bluray
Si le film n’avait pas exalté la rédaction, Shellac propose un petit bijou en DVD dans une version collector qui reprend les 15 titres de la bande originale. La jaquette est soignée, donnant une nouvelle vie à cette œuvre aussi loufoque que sensible.
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