Le 15 décembre 2022
Petit maître du cinéma japonais, Jūzō Itami réalise avec cette comédie culinaire son film le plus célèbre. Les scènes de préparation des plats et le ton décalé de plusieurs digressions constituent les qualités du métrage.
- Réalisateur : Jūzō Itami
- Acteurs : Mariko Okada, Kōji Yakusho, Ken Watanabe, Tsutomu Yamazaki, Chōei Takahashi, Nobuo Nakamura, Isao Hashizume, Yoshi Katō, Hideji Ōtaki, Hisashi Igawa, Yoriko Dōguchi, Nobuko Miyamoto, Rikiya Yasuoka, Fukumi Kuroda, Masahiko Tsugawa
- Genre : Comédie
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Films sans Frontières
- Durée : 1h54mn
- Reprise: 21 décembre 2022
- Date de sortie : 25 novembre 1987
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– Reprise en version restaurée : 21 décembre 2022
– Année de production : 1985
Résumé : Tampopo, une jeune veuve, gère, sans succès, un petit restaurant de « ramen » (soupe de nouilles) dans un quartier populaire de Tokyo. Sa vie va basculer le jour où un client, Gorō, routier à la dégaine de cow-boy et fin gourmet, décide de lui enseigner l’art et la manière de cuisiner les nouilles. Leur histoire croisera aussi les aventures érotico-alimentaires d’un homme en complet blanc, l’obsession compulsive d’une vieille dame, le dernier repas d’une mère de famille, un dîner d’affaires...
Critique : Tampopo est le second long métrage de Jūzō Itami, Ce petit maître du cinéma japonais avait été révélé à la Quinzaine des Réalisateurs 1985 avec Funérailles, récit d’humour noir sur le rituel des obsèques. On retrouve le même ton acerbe et décalé dans Tampopo. Et bien qu’il y soit question de vénération pour la nourriture et sa préparation, on est loin des jolis produits consensuels que le grand écran a proposés depuis, de Salé sucré (1994) d’Ang Lee à La saveur des ramen (2018) d’Eric Khoo, en passant par Les délices de Tokyo (2015) de Naomi Kawase. Disons que le film d’Itami se situe entre la transgression de La grande bouffe (1973) de Marco Ferreri et le récit du rituel culinaire tel Le festin de Babette (1987) de Gabriel Axel, sans être toutefois du niveau de ces modèles. Le métrage vaut par l’enchevêtrement de plusieurs paliers narratifs, sans que l’on puisse parler d’œuvre chorale (un genre peu développé dans les années 80), ou de film à sketchs.
- © Films sans Frontières
En fait, le récit principal tourne autour du trio formé par Tampopo (restauratrice de seconde zone), Gorō (« cow-boy » camionneur désabusé et fin gourmet), et son acolyte Gun. La volonté de trouver la recette idéale de la soupe de nouilles constitue le « MacGuffin » pittoresque, prétexte à des saynètes insolites, notamment celle se déroulant dans un établissement concurrent. Mais Tampopo s’enrichit d’intrigues secondaires, toutes axées autour du thème de la nourriture, et révélant une certaine névrose obsessionnelle dans la société nippone. On y croise alors une vieille cliente de supermarché compulsive, une mère de famille qui ressuscite pour mitonner un dernier plat, une professeure de cuisine contrariée par la présence d’un adepte des mauvaises manières de la table, ou une adolescente transformant la dégustation des huitres en geste d’amour.
- © Films sans Frontières
C’est surtout le couple formé par un gangster et sa maîtresse qui donne ses meilleures scènes au métrage. Itami montre ici son goût pour un cinéma du fétichisme en filmant la fusion de la passion pour la gastronomie et de la quête de l’extase sexuelle. Pourtant, la virtuosité de la mise en scène de Tampopo est ternie par un humour parfois balourd et un sentiment que la narration s’enlise dans sa seconde partie. Il n’empêche que cette curiosité pour cinéphiles vaut malgré tout le détour pour son ambiance inédite. Le film suscita la relative indifférence du public français à sa sortie, mais connut une belle carrière aux États-Unis. Jūzō Itami réalisa d’autres films intéressants, dont l’inspectrice des impôts (présenté à la Mostra de Venise 1987), à nouveau interprété par Nobuko Miyamoto, qui était également son épouse. Le cinéaste mit fin à ces jours en 1997.
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