Copycat
Le 19 novembre 2016
A l’instar de Creative Control de Benjamin Dickinson, récemment chroniqué sur notre site, Synchronicity est également une petite proposition de SF terriblement contrefaite.
- Réalisateur : Jacob Gentry
- Acteurs : Chad McKnight, Brianne Davis
- Genre : Science-fiction
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Condor Entertainment
- Editeur vidéo : Condor Entertainement Vidéo
- Durée : 1h44mn
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Date de sortie du Blu-ray : le 21 novembre 2016
Résumé : Un physicien invente une machine à remonter le temps, mais une mystérieuse femme fatale tente de la voler. Le physicien doit alors voyager dans le temps afin de découvrir la vérité sur la machine, cette femme et sa propre réalité.
Notre avis : Simple coïncidence ou début d’un petit effet de mode ? Creative Control et Synchronicity se présentent tous deux, au premier abord, comme des œuvres de SF au cachet éminemment artisanal, petites cures de jouvence au sein d’un paysage cinématographique quelque-peu moribond depuis quelques années. Cependant, il suffit de gratter un rien sous la surface pour constater l’évidence : sous leurs apparences de petite pépite sortie de nulle part, ces œuvres indépendantes (Synchronicity n’a même pas eu les honneurs d’une sortie en salles) sont en réalité symptomatiques du manque d’inspiration flagrant qui marque globalement la SF post-2000.
Ainsi, là où Dickinson, avec son Creative Control, souhaitait redorer le blason de ce genre en voie d’extinction qualitative en plagiant thématiquement Allen et Antonioni, et délestait leur propos de toute sa pertinence avec une mise en scène des plus tape-à-l’œil et racoleuse, c’est l’inverse qui se produit avec le film de Jacob Gentry. Des plus classique et éprouvé dans son déroulement narratif et ses idées philosophiques, Synchronicity, avec une absence de scrupules tout bonnement ahurissante, pille sans ménagement le Blade Runner de Ridley Scott et les arrangements musicaux de Vangelis (et, par extention, de Tangerine Dream) pour édifier sa forme filmique.
Ainsi, des générateurs de fumée semblent avoir été utilisés dans chaque scène pour créer un effet de diffusion, et Gentry et son chef opérateur Eric Maddison ont, en toute conscience (on l’espère), imité le style d’éclairage intérieur strié si particulier de Blade Runner, dans lequel la source de lumière provient toujours de l’extérieur et illumine les lieux par les fenêtres ou autres ouvertures. Il ont par ailleurs filmé la ville d’Atlanta comme une extension du Los Angeles futuriste de Ridley Scott (les flammes tourbillonnantes en moins), avec ces vues urbaines nocturnes caractérisées par des explosions de brillances, parfois intensifiées au point de flouter l’image.
- Copyright : Condor Entertainment
La palette du film été désaturée au point qu’elle apparaît presque monochrome, avec de rares éclats de couleurs propres aux multiples néons et clignotements d’appareils électroniques futuristes présents dans l’oeuvre. Il est par moments véritablement choquant de retrouver des compositions de plan qui paraissent issues du film de Scott lui-même, jusqu’à la disposition des personnages dans le champ lors des scènes dialoguées. Même combat pour l’habillage sonore : de manière générale, la bande-son de Synchronicity est dominée par les compositions électroniques de Ben Lovett (The Signal, déjà réalisé par Gentry). Elle sont interprétées sur des synthétiseurs Moog, version modernisée des instruments utilisés, à l’époque, par Vangelis, Tangerine Dream et Wendy Carlos.
Bien que tous ces "emprunts" puissent être ouvertement revendiqués, et non effectués avec une insolence et une inconscience proprement sidérantes, il est important de mentionner que le résultat est le même : Synchronicity provoque tant d’impressions de déjà-vu chez le spectateur un tant soit peu friand de SF qu’il en devient totalement dénué d’intérêt cinématographique. D’autant plus lorsque la construction de ce petit thriller high-tech repose intégralement sur les paradoxes spatio-temporels tributaires de ce genre d’histoire : s’il est momentanément amusant d’observer le personnage principal se dédoubler, se trouver dans plusieurs endroits à la fois et se décarcasser afin de perturber (ou sauvegarder) le flux inexorable du Temps, ces mécanismes narratifs plus tout frais finissent par lasser.
Cerise sur le gâteau, la grande conclusion métaphysique du métrage, censée être terrassante et provoquer l’effroi en nous ramenant à notre triste condition de mortel, nous rappelle que tout n’est jamais qu’éternel recommencement : nous ne sommes pas en possession du pouvoir, au final, d’infirmer le cours des événements. Cette grande vérité existentielle a déjà été assénée au travers de tant de scènes d’anthologie de l’histoire du cinéma qu’il serait fastidieux de les énumérer exhaustivement. Que l’on se rabatte donc sur les Singes de Franklin Schaffner ou de Terry Gilliam, sur le Terminator de Cameron, ou, plus récemment, sur l’enfant parapsychologique de l’extraordinaire Looper de Rian Johnson, plutôt que d’accorder quelque importance à Synhronicity, oeuvre roublarde et parfaitement inutile qui ne viendra pas révolutionner la SF cinématographique contemporaine. Dommage.
Le Blu-ray :
- Copyright : Condor Entertainment
Les suppléments :
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Zéro bonus pour cette édition Blu-ray.
L’image :
Synchronicity a été tourné avec des lentilles anamorphiques. La post-production a été effectuée via un intermédiaire digital, duquel le Blu-Ray 1080p encodé en AVC a directement puisé sa source. L’image est remplie de détails mais il lui manque toutefois la finesse typique des encodages d’origine digitale. La combinaison des lentilles anamorphiques et de la fumée a adouci la texture visuelle, sans doute pour émuler plus facilement l’esthétique du film noir et son emphase sur l’obscurité et les ombres (déjà manifeste, une fois encore, chez Scott). Tous ces effets visuels sont bien entendu délibérés et le Blu-ray ne fait qu’accentuer ces partis pris. Aucun artefact visuel en bonne et due forme n’est à signaler.
Le son :
Les effets sonores les plus agressifs du DTS-HD 5.1 de Synchronicity sont liés à la machine à générer des trous de ver de Jim Beale, qui bourdonne et grogne une fois allumée, tandis la piste sonore immerge l’auditeur au milieu d’arcs électriques et de cliquetis de matériel de laboratoire. Quelques effets à fort volume accompagnent les crises momentanées de Jim à mesure que l’impact de la machine se fait sentir. La piste sonore du Blu-ray reproduit le travail de Lovett avec une présence, une clarté et un dynamisme forçant le respect. Les dialogues du film sont fidèlement rendus.
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