Le 11 septembre 2017
Il est des films dont la présence à l’Etrange Festival est discutable. Sweet Virginia est de ceux-là...
- Réalisateur : Jamie M. Dagg
- Acteurs : Rosemarie DeWitt, Imogen Poots, Jon Bernthal, Christopher Abbott
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h40mn
- Festival : Festival de Deauville 2017
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Résumé : Dans un petit village perdu au milieu de l’Alaska, un criminel s’introduit dans un bar dans lequel trois habitués jouent au poker. Il tue tout le monde et s’enfuit avec un maigre butin. Dans sa fuite, il va rencontrer un ancien champion de rodéo.
Notre avis : Il est des films dont la présence à l’Etrange Festival est discutable. Sweet Virginia est de ceux-là. Non pas qu’il soit mauvais, loin de là, mais rien dans son scénario ni sa mise en scène ne mérite le qualificatif d’« Etrange ».
Aussi sobre que son affiche noire, le récit s’apparente en réalité davantage à un drame qu’à un thriller. Le plus surprenant est d’ailleurs que Jon Bernthal se montre particulièrement émouvant dans le rôle principal, aux antipodes des rôles de gros durs taiseux auxquels il est habituellement rattaché. Faut-il croire que, en décrochant le rôle du Punisher, le plus badass des héros américains, il ait réalisé avoir atteint une limite et ait choisi de se renouveler ? N’espérons pas pour autant le voir briller dans une comédie romantique avant un bout de temps.
Ici, Bernthal incarne Sam, un ancien champion de rodéo reconverti en gérant de motel en Alaska et ne sachant pas comment réagir au meurtre du mari de sa maîtresse. L’intrigue autour de ce meurtre ne va en fait jamais suivre les voies classiques ni du polar ni du vigilente movie, mais se concentrer sur les réactions chagrinées des proches des victimes, ainsi que l’amitié naissante entre Sam et l’un de ses clients qui s’avère être le tueur. Le personnage principal de cette affaire sordide est finalement le village où elle a lieu, auquel le réalisateur emprunte un rythme doucereux et dont il a su parfaitement capter l’ambiance calme, propice à des soubresauts de violence éclatants.
- Copyright IFC Films
Grâce à une certaine maîtrise, qui saute aux yeux dès la scène d’ouverture, Jamie M. Dagg parvient à donner à ce drame rural une ambiance visuelle crépusculaire et à y insérer quelques montées de tension farouchement efficaces. Son choix le plus radical est, encore une fois dès le début, de laisser la violence hors-champ pour la rendre plus angoissante. De tels effets de mise en scène mis en exergue sur la peinture d’une Amérique qui semble figée dans le temps rendent évidemment Sweet Virginia assimilable à un western moderne.
Davantage que le rôle en retenue de Jon Bernthal et la réalisation inspirée, le plus mémorable dans ce film est assurément la prestation de Christopher Abbott (déjà vu dans James White et It Comes at Night) dans la peau d’Elwood, un psychopathe difficile à cerner. Même si le scénario aurait gagné à développer davantage les autres personnages, le lien qui se tisse entre Sam et Elwood est la preuve que, face à leurs propres démons, les deux hommes ont besoin d’un minimum de réconfort. Une analyse psychanalytique qui s’annonce intéressante à suivre, mais s’avère au final inaboutie. La conclusion brutale – voire bâclée – laisse derrière elle un sentiment de frustration, alors qu’on aurait aimé adorer ce film indépendant.
- Copyright IFC Films
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