Le 16 août 2021
Summer white raconte la fabrique du mal chez un adolescent dans le Mexique moderne. Un récit subtil et vertigineux, porté par des comédiens incroyables.
- Réalisateur : Rodrigo Ruiz Patterson
- Acteurs : Adrián Rossi, Sophie Alexander-Katz, Fabián Corres
- Genre : Drame, Teen movie
- Nationalité : Mexicain
- Distributeur : Destiny Films
- Durée : 1h25 mn
- Titre original : Blanco de verano
- Date de sortie : 18 août 2021
Résumé : Rodrigo, adolescent solitaire, a une relation forte avec sa mère. Les choses changent quand elle invite son nouveau petit ami à venir vivre dans leur maison, à la périphérie de Mexico. Rodrigo doit décider s’il peut accepter cette nouvelle famille ou se battre pour son trône, écrasant le bonheur de la personne qu’il aime le plus.
Critique : Dès les premières séquences du film, l’ambiguïté surgit comme matière première de ce drame familial. Rodrigo est adolescent, et il y a entre lui et sa mère, une relation de très grande tendresse, au point que l’on soupçonne immédiatement une forme d’inceste qui ne dit pas son nom. La mère l’embrasse sur la bouche pour le saluer, elle partage son lit quand il ne parvient pas à dormir, comme s’ils se possédaient l’un l’autre. Jusqu’au jour où elle amène à la maison un prétendu ami. Alors, à la relation exclusive, se substitue une mise à l’épreuve du fils à l’égard de sa mère.
Summer White est un film sur une adolescence tortueuse. Le jeune homme a construit toute son existence autour de sa seule mère. Quand il n’est pas à l’école, il erre dans des terrains en friche où il s’invente des histoires. De fait, le film est aussi une variation puissante sur l’éducation. La mère fait au mieux qu’elle peut au milieu de cette relation univoque, même si, naturellement, on ne peut pas s’empêcher de mettre en question les postures amoureuses qu’elle installe avec son fils. Finalement, cette relation, que les psychologues qualifieraient d’incestuelle, devient le ferment à la propre impossibilité des deux personnages principaux de devenir soi et de s’extraire de leur enfermement affectif. Le récit déroule le quotidien d’une famille mexicaine, installant peu à peu un malaise grandissant. Pour autant, le réalisateur ne cède jamais à la tentation du psychodrame. Il intègre son scénario de moments touchants, sensibles, qui laissent penser que le garçon a dépassé la rivalité qui l’oppose au nouveau petit ami de sa mère et qu’ensemble ils recréent un espace d’amour plus sain.
- Copyright Destiny Films
En réalité, le pire devient très vite le moteur essentiel du long métrage. L’adolescent cède peu à peu à la provocation, à la fois dans le but de s’extraire de sa dépendance maternelle, mais aussi de continuer de la retenir pour lui-même. Il se crée un sorte de cocon protecteur dans un camping-car abandonné qui devient l’espace de la destruction. Le feu omniprésent dans le récit s’invite alors comme le compagnon de la douleur de ce gamin, dont on pressent le vertige, au fur et à mesure de l’histoire. Rodrigo Ruiz Patterson montre avec une étonnante acuité la façon dont la mort, le mensonge et le désir de destruction peuvent s’installer à pas feutré dans le cerveau d’un enfant. Le cinéaste refuse la démonstration. Il prend le temps de la transformation psychique du gamin. Celle-ci trouvera son aboutissement dans le recours au feu. La brutalité s’installe tout doucement, accentuée parfois par l’utilisation d’une musique sourde et haletante. Pour une première œuvre de cinéma, on ne peut que saluer la très grande maturité artistique du réalisateur. La temporalité qu’il donne à son long-métrage lui permet d’échapper à l’exagération, à la précipitation et à l’invraisemblance. Au contraire, la maîtrise du récit gagne en intensité, car le cinéaste ne force jamais les événements. L’enfant s’adonne à des comportements de plus en plus maltraitants, sans finalement qu’on voie les ressorts tragiques s’installer. Le beau-père qui arrive dans la famille s’évertue d’accomplir des efforts pour dompter l’adolescent, tout en ne parvenant pas à se rendre compte de ce qu’il génère dans l’esprit du jeune homme, qui contrôle de moins en moins ses pulsions destructrices.
- Copyright Destiny Films
Summer White constitue une première œuvre de cinéma troublante et forte. Le jeune homme, ravagé par une jalousie maladive contre sa mère, est un personnage complexe que le spectateur ne finit jamais par détester, lui concédant le besoin de protection. En réalité, cette histoire terrifiante de destruction d’un enfant nous rappelle avec subtilité que l’adolescence est un âge difficile, qui oblige à une attention de tous les instants.
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criss 30 octobre 2022
Summer White - Rodrigo Ruiz Patterson - la critique du film
Superbe !!!!!!!!!!