Le 12 décembre 2017
- Avertissement : Interdit aux moins de 12 ans
- Scénariste : Bermejo Lee>
- Dessinateurs : Vitti Alessandro, Zaffino Gerardo
- Collection : Vertigo Classiques
- Editeur : Urban Comics
- Famille : Comics
- Date de sortie : 3 novembre 2017
Deuxième et dernier tome de la série Suiciders, Kings of Hell. A. n’atteint pas l’intensité du premier opus et conclut de manière trop précoce une saga qui aurait pu frapper fort.
En choisissant de déplacer l’intrigue, Lee Bermejo, dessinateur passé au scénario il y a deux ans avec le très personnel Batman : Noël, perd un peu de vue ce qui faisait le sel de Suiciders. Les combats dans l’arène et la montée en puissance de deux gladiateurs issus de deux mondes bien éloignés font désormais place à un récit sur l’avenir de l’humanité pris entre des vagues de migration et une violence qui engendre des monstres. Résumé ainsi, Kings of Hell A. fait plutôt saliver. Pourtant malgré ses belles intentions affichées, très universelles, et son discours sur le péril imminent de la société, ce dernier tome de la série s’embourbe dans un exercice verbeux et un peu fumeux.
Petit retour en arrière pour bien comprendre les enjeux de ce nouveau tome : suite à un séisme d’envergure, Los Angeles est scindé en deux par une immense muraille : d’un côté la ville des riches et de l’autre, la terre de ceux qui cherchent à survivre sauvagement sur les cendres d’une ancienne civilisation. Le sport le plus populaire, un combat de gladiateurs (les fameux Suiciders) d’un nouveau genre (aidés notamment par des opérations pour booster leurs corps), sera le théâtre de l’affrontement de deux symboles, chacun issu d’un côté du mur.
L’argument de cette suite : Trix et son frère Johnny font partie de la nouvelle génération, celle qui n’a pas connu New Angeles avant le Tremblement de Terre. Élevés au sein d’une ville murée, la violence est devenue leur quotidien, leur refuge. À la tête des Kings of HelL.A., Johnny est prêt à tout pour garder la mainmise sur son quartier, mais en croisant la route d’un certain Leonard, un ancien Suicider, les choses vont prendre une tournure inattendue...
Tout comme dans le premier opus, Bermejo - cette fois-ci uniquement au scénario - conduit à nouveau son histoire à travers plusieurs points de vue qui se croisent et s’emmêlent au fur et à mesure du script. Le nœud principal est celui de Trix et son frère, incarnations de ce qu’a pu engendrer le séisme, purs produits de la sauvagerie, nés dans la violence et ne survivant que grâce à elle. Ils représentent une nouvelle catégorie de personnages dans l’univers de Bermejo mais leur rencontre avec l’ancien Suicider, héros du tome 1 désormais retraité, est hélas trop artificiel. Repartir à zéro dès le tome 2 donne cette sensation étrange de n’avoir pas assez connu et de ne pas avoir éprouvé assez d’empathie pour les anciens personnages auxquels ils sont confrontés. De nouvelles têtes et de nouvelles problématiques s’invitent donc dans cet univers étendu mais n’arrivent pas réellement à se justifier pleinement dans l’histoire, autrement que pour illustrer un nouveau discours. Les coutures du scénario sont alors trop visibles : lorsqu’on arrive à voir l’auteur derrière les lignes, c’est qu’il est souvent trop tard.
L’autre grande thématique du retour à l’état primaire, le cannibalisme, amenée par la figure du “journaliste zombie” semble également servir uniquement la métaphore. Les monologues en off sont également assez nébuleux et le relent de morale trop pompeux. En somme de nombreux problèmes de rythme et d’écriture gâchent un peu les planches d’Alessandro Viti qui prend la relève au dessin avec moins d’aisance que Bermejo mais un joli trait néanmoins. La promesse d’un monde à peine ébauché et déjà refermé sur lui-même n’est pas en accord avec l’ampleur annoncée...
160 pages - 15 €
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