Le 27 octobre 2022
Cette aimable comédie romantique gay friendly se laisse voir. Au-delà des clichés inhérents à un certain cinéma indépendant américain, la réflexion sur l’identité de genre est plutôt subtile.
- Réalisateur : James Sweeney
- Acteurs : Randall Park, Tracie Thoms, Betsy Brandt, James Sweeney, Katie Findlay, Dana Drori, James Scully, Joshua Diaz, Brendan Scannell
- Genre : LGBTQIA+, Comédie romantique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : L’Atelier Distribution
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 26 octobre 2022
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– Année de production : 2019
Résumé : Todd, gay d’une vingtaine d’années et bourré de TOC, est inquiet de mourir seul au point de remettre en question sa sexualité. Quand il rencontre Rory, une jeune actrice débutante aussi drôle qu’énergique et avec son lot également de névroses, les deux vont nouer une relation forte basée uniquement sur le dialogue et pas sur le sexe.
Critique : Acteur, réalisateur, scénariste et producteur américain, James Sweeney est originaire d’Alaska. Après plusieurs courts-métrages, il est passé au format long avec Straight Up, présenté dans plusieurs festivals, notamment en France à l’occasion des programmations de Chéries-chéris (Paris, 2021) et Écrans Mixtes Lyon (2022). Jeune cinéaste peu bankable aux yeux des décideurs, James Sweeney a eu du mal à monter son projet, et surtout à s’imposer en tant qu’interprète principal, certains producteurs préférant initialement confier le rôle à l’un de ces YouTubers suivis par de nombreux followers… Le jeune homme est pourtant plutôt convaincant devant la caméra, mais également habile dans l’écriture et la réalisation. Les premières vingt minutes de cette comédie romantique pouvaient pourtant décourager le spectateur de meilleure volonté, dans son recyclage des tics d’un certain cinéma indépendant américain qui a déjà dévoilé toutes ses facettes depuis un demi-siècle, et désormais caricature du sang neuf qu’avait apporté Woody Allen en son temps : personnage névrosé accro aux séances de psychanalyse, plans fixes avec monologues interminables, références appuyées au septième art (pour le meilleur comme pour le pire, Katharine Hepburn croisant EllenDeGeneres ou des héroïnes de séries télévisées), décors publicitaires de sitcoms dérivées de Friends ou Queer As Folk. Quant au propos sur l’amitié amoureuse et les frustrations de trentenaires célibataires, il a été maintes fois rabattu, de Quand Harry rencontre Sally au Journal de Bridget Jones.
- © Valparaiso Pictures. Tous droits réservés.
Mais très vite, Straight Up réussit à trouver ses marques. Ce récit d’un jeune gay refusant d’admettre son orientation sexuelle et se focalisant sur ce qu’il croit être une attirance amoureuse hétérosexuelle finit par dépasser les conventions et sa teneur vaudevillesque pour dégager une réelle émotion (sans sentimentalisme), tout en proposant une réflexion subtile sur l’identité de genre. Les dialogues, transcendant les mots d’auteur et l’artifice du stand-up, ne sont pas pour rien dans le charme déployé par la narration. « Je devais structurer le film pour que ces dialogues soient le plus efficaces possible. J’ai favorisé les cadres précis, la caméra est quasiment tout le temps posée et statique, ce qui me permettait d’être à la fois réalisateur et acteur et permettait aussi de garder l’attention sur les dialogues, le rythme. J’étais inspiré par le rythme et l’importance donnée aux dialogues dans les screwballs comedies ; il y avait l’idée de faire quelque chose de très physique et de très vivant, comme un match de tennis, et de se concentrer sur les acteurs. Pour ce qui est de la composition et du cadre, j’ai pensé au réalisateur polonais Paweł Pawlikowski comme à COLUMBUS, le premier film de Kagonada », ainsi déclaré le jeune réalisateur.
- © Valparaiso Pictures. Tous droits réservés.
Ces intentions louables ont fini par porter leurs fruits, et Straight Up est en définitive une bonne surprise. James Sweeney se montre en outre à l’aise dans la direction d’acteurs, bien entouré de la Canadienne Katie Findlay ou de James Scully, vu dans la deuxième saison de la série populaire You sur Netflix. Souhaitant que le réalisateur et acteur ne soit pas victime d’un effet de mode et puisse continuer à tourner, sans connaître les éphémères carrières de Paul Reubens, Vincent Gallo ou Jim Cummings, étoiles filantes du cinéma indy américain.
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