Le 31 décembre 2015
- Voir le dossier : La saga "Star Wars", Box-office Hebdomadaire France, Box-office France (général)
Exploit absolu pour 2015, les Minions se sont fait délogés de la première place annuelle par une bourrasque marketing vendue jusqu’à saturation pour les fêtes de Noël. En 15 jours, un produit en a chassé un autre. Et l’économie crie victoire. Et pourquoi pas après tout ?
Exploit absolu pour 2015, les Minions se sont fait délogés de la première place annuelle par une bourrasque marketing vendue jusqu’à saturation pour les fêtes de Noël. En 15 jours, un produit en a chassé un autre. Et l’économie crie victoire. Et pourquoi pas après tout ?
Star Wars : le Réveil de la Force n’est pas un très bon film. Mais là n’est pas la question, on va parler économie.
Phénomène viral, commercial, ce 7e épisode était le fan-movie attendu comme le Messie par les fans hardcore de la série, mais pas seulement. Fort de partenariats sans précédents, Disney est, peu à peu, parvenu à convaincre tout le monde, sans même à avoir à montrer la moindre image du film, que l’économie des fêtes de cette fin d’année endeuillée, pour bien des médias reposerait sur ce seul et unique produit.
Pari audacieux, judicieux, et jubilatoire pour les exploitants, même les cinémas d’art et essai espéraient leur survie sur ce seul titre. La presse ? Et en avant les hors-série putassiers qui ne servent pas à grand chose pour le lecteur submergé de flots répétitifs, qui flattent l’égo du monstre, mais qui ont pour unique but de revitaliser un média moribond, car la presse écrite ne vend plus : le Monde, Les Inrocks, Mad Movies... à peu près tout le monde sort son hors-série pour essayer de grappiller sa part. Le hors-série, comme la couverture des mensuels, est en fait systématique !
Difficile dans ces conditions pour le citoyen lambda se promenant dans une rue d’éviter un phénomène doué du don d’ubiquité. Boîte aux lettres Star Wars à la Poste, dentifrice Star Wars à Monoprix, les Galeries Lafayette à Paris qui misent sur des vitrines robotiques et recouvrent leur passerelle d’une affiche Star Wars. Le quartier des Grands Magasins du 9e est devenu l’antre d’une promotion acharnée. L’échelle est unique dans l’histoire du merchandising et du marketing sur notre territoire.
L’objectif : faire croire aux spectateurs de tous âges qu’ils ne seront pas des Français comme les autres s’ils n’auront pas consommé leur dose de nostalgie de la Guerre des Étoiles. Tout le monde en parle, et il faut donc avoir son mot à dire dessus... Et puis c’est toujours plus joyeux que le terrorisme et les débats sur la déchéance de nationalité, un soir de réveillon.
Pour renforcer un peu plus le cataclysme, l’absence totale de concurrence américaine est conforté par les bides de Arlo et de Snoopy qui font le minimum d’entrées pour des productions animées d’envergure : en gros, il faut amener les petits au cinéma, il n’y a rien d’autre, donc, on y va mais à reculons.
Les enfants vont donc engloutir du Star Wars jusqu’à l’overdose. Elle est loin l’époque des Narnia qui devaient affronter des Harry Potter qui devaient affronter des Seigneur des Anneaux et des Disney/Dreamworks prestigieux. Star Wars n’a à affronter absolument aucune production super-héroïque, aucun titre prestigieux n’est actuellement à l’affiche dans les salles. Que du vieux, comme Spectre qui date de plus d’un mois !
La Force de Star Wars n’est donc pas son histoire banale, ni le résultat final, un énième film de nostalgie pour geeks qui adorent applaudir les références à leurs passés de cinéphiles, mais c’est la manière dont l’équipe de Disney a su, en un an, concentrer tous les pouvoirs, transformant ce remake de La Guerre des Etoiles en véritable tornade, quitte à faire peur à Mission : Impossible, avancée de 6 mois, ou à Seul sur Mars, avancé de deux mois.
Ce n’est pas vraiment une critique, l’ouragan Star Wars n’est pas destructreur, mais plutôt fondateur. Le moral des spectateurs en avait sûrement besoin, l’économie du pays aussi, les exploitants saluent tous le Messie et se sentent sauvés, d’autant que suites et spinoffs permettront chaque année d’éviter de trop redouter les révolutions technologiques à venir, les affres du piratage et la désaffection du public pour les salles obscures. Si celle-ci est réelle aux USA où les recettes miraculeuses du 7e épisode sont dues à l’inflation, au prix Imax 3D supplémentaire, en France, la réalité est dans les entrées... Les Français courent voir Star Wars avec 6.803.000 entrées en 15 jours, et une perte minime de 21% de sa fréquentation en 2e semaine, soit 3.000.000 d’entrées de plus. Un score digne d’un Avatar qui avait été un phénomène de société dû à son caractère révolutionnaire dans son utilisation de la 3D.
A sa manière, Star Wars : le Réveil de la Force révolutionne le paysage français, avec une emprise hollywoodienne rare à ce niveau, puisque ce type de score est en général à réserver aux comédies françaises comme Astérix, Les Ch’tis....
En un mot, bravo à l’équipe marketing. Et comme George Lucas, peu admirateur du résultat final, on reprochera en revanche aux scénaristes leur manque d’idées, car honnêtement, ce 7e opus n’a pas grand-chose à raconter !
Walt Disney Pictures - Lucas Films LTD
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