Le 27 août 2019


- Scénariste : Gabriella Giandelli >
- Dessinateur : Gabriella Giandelli
- Genre : Drame, Chronique sociale
- Editeur : SEUIL
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 14 janvier 2004
Poème visuel d’une rare mélancolie, Sous les feuilles est une réflexion sur le temps, la douleur et l’impossible deuil.
Il y a d’abord les lieux, vides de sens au premier abord, mais pleins d’une vie secrète enfouie dans la végétation. Il y a ensuite ce personnage aux traits trop limpides, au visage vierge qui fouille, découvre peu à peu le passé douloureux d’un des habitants du village. A son sujet, les gens s’interrogent : qu’est-il venu faire ici ? Personne ne le connaît. Pourtant il s’aventure partout comme si les lieux lui étaient intimes. L’individu n’a cure de cette méfiance, il a été appelé. Quelque part, dans les bois, quelque chose est là qui l’appelle. Il se promène et les animaux lui racontent ce qu’on a préféré oublier sans y arriver vraiment...
Dessinatrice de presse, illustratrice d’histoires pour enfants, Gabriella Giandelli s’offre de temps à autre une incursion en solitaire en bande dessinée. Après Silent blanket et Vies blanches, la dessinatrice italienne a créé un nouveau petit bijou visuel à la poésie douce et mélancolique.
C’est entre tous les extrêmes que l’auteur arrive à se frayer un fragile chemin, entre sobriété et sophistication des formes, noirceur et félicité. Un pari risqué si l’on prend en compte la minceur de l’argument narratif de cet album pourtant épais, mais un pari réussi tant l’atmosphère douce-amère qui s’en dégage imprègne celui qui s’y plonge. Giandelli s’impose également comme une coloriste hors pair, fauve et audacieuse. Sous l’œil du lecteur, les couleurs interagissent comme autant de rimes d’un poème visuel aux variations infinies. Si l’album envoûte, la fin nous laisse malheureusement un petit goût d’inachevé, il lui manque ce petit quelque chose qui distingue les grandes œuvres des œuvres intrigantes.
104 pages