Le 12 mai 2021
Une traversée de Paris émouvante et cocasse qui, entre drame social et conte moderne, nous emmène, en compagnie d’un duo insolite, à la découverte de la face obscure de la Ville Lumière.
- Réalisateur : Claus Drexel
- Acteurs : Catherine Frot, Mahamadou Yaffa, Mahamadou Yaffa
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 1h26mn
- Date télé : 18 septembre 2023 21:00
- Chaîne : OCS Max
- Reprise: 19 mai 2021
- Date de sortie : 28 octobre 2020
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Résumé : Depuis de nombreuses années, Christine vit sous un pont, isolée de toute famille et amis. Par une nuit comme il n’en existe que dans les contes, un jeune garçon de 8 ans fait irruption devant son abri. Suli ne parle pas français, il est perdu, séparé de sa mère… Ensemble, ils partent à sa recherche. À travers les rues de Paris, Christine et Suli vont apprendre à se connaître et à s’apprivoiser. Et Christine à retrouver une humanité qu’elle croyait disparue.
Critique : Après avoir réalisé en 2013 Au bord du monde, un documentaire consacré aux sans-abris parisiens, plusieurs fois récompensé, Claus Drexel ressent l’envie d’accorder un plus grande visibilité à ces oubliés de la vie que sont les SDF, mais aussi les migrants, dont il révèle avec pudeur la poésie et la sensibilité.
Dans un premier temps, son attention se porte tout entière sur Christine (Catherine Frot). Silhouette furtive, elle déambule seule sur les quais dans un Paris sublimé de tons sépias et d’un calme inhabituel. Coupée du monde social depuis trop longtemps, elle ne communique plus qu’avec les chats et les oiseaux, rentre vite se terrer dans ce local sombre et bruyant (le métro passe tout à côté), qu’elle a investi grâce à un agent municipal dont la générosité, à géométrie variable, disparaîtra dès lors qu’il s’agira d’héberger aussi un migrant, fût il un mineur isolé.
- Copyright Arches Film/Maneki Films
Le scénario s’attache à décrypter minutieusement les rites quotidiens de cette vie de solitude et d’errance. Une lenteur nécessaire doublée de séquences sans parole, qui certes troublera les plus impatients, mais qui permet surtout d’appréhender au mieux cet univers souterrain et mystérieux. L’arrivée de Suli (Mahamadou Yaffa), un jeune Africain séparé de sa mère, qu’elle rejettera tout d’abord et qui lui vaudra de perdre son logis précaire, fait bifurquer le récit vers une fable colorée et chaleureuse, riche de son soutien mutuel entre un garçon malin bien déterminé à retrouver sa mère et une femme désabusée, qui regagne sa part d’humanité. Oscillant sans cesse entre réalisme et onirisme, ce duo improbable qui constitue la pièce maîtresse du film, entraîne le spectateur dans un périple tourbillonnant, peuplé de personnages tour à tour violents, solidaires, sectaires et généreux, mais qui ont tous en commun de manier plus volontiers humour et débrouillardise que lamentations et récriminations.
- Copyright Arches Film/Maneki Films
Le réalisateur installe son parcours erratique au cœur d’une des plus belles villes du monde dont il filme amoureusement la splendeur. Il l’oppose à la brutalité de la faune des bas-fonds urbains que n’aurait pas reniée Victor Hugo ou à l’ignominie des rangées de tentes de migrants, le long du canal Saint-Martin. Claus Drexel s’autorise une réflexion sociale et politique sur laquelle il a la sagesse de ne pas s’appesantir, préférant laisser libre cours à la poésie de ses personnages.
Le visage ravagé, noyée sous des oripeaux de sorcière dignes des contes de Grimm, Catherine Frot use de tous les aspects de son talent pour rendre dignité et humanité à cette femme brisée par on ne sait quel événement tragique, mais dont on devine qu’elle a connu une vie familiale et professionnelle riche. Le jeune Mahamadou se glisse avec un naturel étonnant dans la peau de ce compagnon d’infortune, vif et mature. Censé ne pas maîtriser la langue française, il trouve les gestes et les regards adéquats pour transmettre, bien mieux que par les mots, tout un éventail d’émotions.
Une odyssée jamais larmoyante, souvent poignante et toujours légère qui, bien au-delà de la description de la pauvreté, tend à rendre un visage humain à tous ceux que la vie a laissés de côté.
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