Le miroir de l’âme
Le 1er juillet 2008
Docu musical sur le batteur de jazz Billy Cobham. Plus qu’un simple portrait, une très belle démonstration du pouvoir rythmique.


- Réalisateur : Mika Kaurismäki
- Acteur : Billy Cobham
- Genre : Documentaire, Musical
- Nationalité : Allemand, Suisse, Finlandais
- Date de sortie : 2 juillet 2008
- Plus d'informations : Le site officiel

L'a vu
Veut le voir
– Durée : 1h19mn
Docu musical sur le batteur de jazz Billy Cobham. Plus qu’un simple portrait, une très belle démonstration du pouvoir rythmique.
L’argument : Fou de musique, Mika Kaurismäki suit ici l’immense Billy Cobham, batteur exceptionnel depuis près d’un demi-siècle, dans un voyage musical depuis la Finlande jusqu’au Brésil en passant par les Etats-Unis et la Suisse où un centre d’accueil de jeunes autistes utilise la musicothérapie...
Notre avis : Le quatorzième long-métrage de Mika Kaurismäki, grand frère du célèbre Aki, n’est pas un documentaire comme les autres. Certes, le sujet principal reste la musique comme dans deux de ses œuvres récentes consacrées au Brésil, Moro no Brasil et Brasileirinho. Mais c’est le cheminement qui est étonnant et même exemplaire. Sous couvert de réaliser le portrait d’un génie méconnu de la musique, le batteur Billy Cobham (qui a tout de même joué avec Miles Davis), le cinéaste finlandais nous entraîne aux quatre coins du monde pour s’intéresser surtout aux différents projets et rencontres du musicien. Il ne s’agit donc pas d’une biographie classique mais plutôt une illustration du pouvoir rassembleur de la musique, univers à part entière dans lequel tout le monde peut se retrouver malgré ses différences. Cela paraît un peu désuet, dit comme cela, mais la progression et le montage du film le prouvent au bout du compte. Que l’on soit dans les favelas brésiliennes, à Manhattan, en Finlande ou dans un institut suisse pour autistes, la puissance de la musique nous unis. Le rythme est universel. C’est là que le choix de Cobham, maître de la rythmique, passe d’intéressant à pertinent. Le montage intelligent et judicieux crée des passerelles entre deux mondes, grâce à des plans qui se répondent de manière habile. Ces échos et ces reflets (d’où le titre) abolissent les frontières tout en fluidifiant le développement du « récit » jusqu’au climax final, très efficace, qui fait se télescoper les lieux et les hommes sur le rythme d’une même musique. Quant à l’atelier conçu pour les autistes, il est impressionnant et symbolique. L’autiste est dans un monde à part, dans une bulle, et l’un des rares liens qui le rapprochent de l’autre c’est la musique, le langage rythmique qui brise les chaînes d’une perception différente de la nôtre. CQFD.
Cette réflexion sur le pouvoir du rythme s’accompagne de morceaux live imparables, dans la rue ou dans des salles de spectacle, et d’une bonne dose d’humour due à la personnalité joviale et hautement sympathique de Cobham. Tous ces ingrédients font de Sonic mirror une œuvre dense et passionnante. Bref, une réussite.