Le 11 avril 2017
Adaptation foireuse du film culte de Guy Ritchie.
- Acteurs : Rupert Grint, Ed Westwick, Luke Pasqualino, Lucien Laviscount
- Genre : Comédie, Drame
- Nationalité : Américain, Britannique
- Date de sortie : 16 mars 2017
Résumé : Un groupe de petits gangsters se retrouve projeté dans le milieu du grand banditisme de Londres après avoir braqué un fourgon rempli de lingots d’or.
Notre avis : Snatch (la série) se pose comme le parfait outil de revalorisation des détracteurs de Guy Ritchie. A ceux, et on les sait nombreux, tapant depuis bien des années sur le réalisateur britannique et son travail, notamment Snatch (le film), attendez de voir comment Alex De Rakoff s’est approprié l’œuvre originale. Raisonnons par l’absurde (après tout le long-métrage repose complètement dessus), si le style du film clippesque était inutile, alors que la série, en le reproduisant dans un contexte différent, ne retrouve absolument pas la sève de l’original et son énergie, c’est bien que les effets de mise en scène du film servent en réalité le dit film, et plus particulièrement son identité, son ambiance (donc sont utiles). Au moins la série aura permis d’éclaircir un peu ce point grâce à une constance assez remarquable à vouloir jouer avec les mêmes codes que son prédécesseur, sans jamais, pas une seule fois, réussir à en tirer un résultat amusant. Fini le diamant gros comme le poing du film, et place aux lingots d’or, et si la série prend au moins le risque de se détacher scénaristiquement du long-métrage, elle tient malgré cela à en embrasser son même caractère délirant et cool, par des portes d’entrée différentes, mais avec les mêmes clés en main pour les ouvrir. Seulement, en amorçant la modernisation de l’univers par le rajeunissement de son casting, Snatch (seule la série sera appelée ainsi à partir de maintenant, sinon on ne va pas s’en sortir) commet une fatale erreur de jugement.
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Destinée à un public adolescent (ou au moins à la tranche 18-25 ans), l’adaptation du film culte accouche d’un scénario issu d’un raisonnement défaillant, avec l’idée que pour plaire aux jeunes, il faut à tout prix paraître jeune. On ne pourra pas lui reprocher d’être dans l’ère du temps, les nouvelles technologies et la toute puissance de l’écran constituent donc une partie intégrante de l’intrigue qui interagit, quand ça l’arrange, avec des vidéos internet et autres caméras de surveillance pour engendrer des péripéties. Le principe serait mieux passé s’il ne transparaissait pas un opportunisme à user de recours technologiques pour offrir une progression à son récit mais à les omettre totalement lorsque la logique impose leur présence au détriment de la convenance des scénaristes. C’est ainsi qu’un braquage au beau milieu de nul part finira quand même sur YouTube après la mise en ligne d’une vidéo prise par un inconnu (on ne sait pas trop ce qu’il foutait là) quand en revanche un gars pourra se promener tranquillement et incognito dans les rues, après s’être évadé de prison en provoquant une émeute, à visage découvert (non, pardon, il porte un béret et des lunettes de soleil... Même Superman cachait mieux son identité). L’utilisation de cet élément reflète bien la construction linéaire d’une série se prétendant alambiquée lorsqu’en réalité elle ne se construit que sur un simpliste « problème → résolution de ce problème → nouveau problème → résolution de ce nouveau problème → nouveau nouveau problème → résolution de ce nouveau nouveau problème » et ainsi de suite, jusqu’au final, de loin celui qui se rapproche le plus du qualificatif « amusant ».
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Ce caractère prétexte de Snatch vis-à-vis de l’emploi des nouvelles technologies va jusqu’à contaminer les personnages, en particulier Charlie, un grand rôle de composition pour Rupert Grint, avec la lourde tâche d’interpréter un Ron Weasley -2.0, plus agaçant encore que son personnage dans Harry Potter et Les Reliques de la Mort Partie 1. Boulet officiel de la bande, ce membre du trio de tête de la série n’a de raison d’exister uniquement pour sa manière peu subtile de créer de nouvelles péripéties (et d’en résoudre 2-3 dans l’urgence, l’épisode ne doit pas dépasser les 45 minutes quand même). Tellement présente, cette facilité le rend rapidement antipathique, surtout lorsqu’il s’agit de justifier son caca nerveux en milieu de saison, aussi prévisible qu’énervant tant on pensait 2017 révolue de ce genre de conflits (et de l’écriture de ces conflits) entre personnages. Loin d’être une exception, Charlie n’est que le symptôme aggravé d’une série qui accumule les rôles au mieux inintéressants, au pire à claquer. Là représente l’une des plus grosses fautes de Snatch, avoir choisi des acteurs tous beaux, tous propres pour incarner des gangsters de bas à étage. Drolatique lorsqu’elle tente de crédibiliser Ed Westwick et sa peau de bébé en truand taré, la série multiplie les fautes de casting pour transformer une histoire de voyous en herbe en teenage show de la génération Instagram. Comptant plus de cul de poule qu’une usine de volailles Père Dodu, Snatch ne s’appuie sur aucun acteurs charismatiques, tous transparents, quand certains ne tombent carrément pas dans la caricature de l’impertinence bidonnée, à coup de « hey t’as vu, moi aussi je fume, je suis cool » et de surenchère de duck face, la palme revenant à Phoebe, trop fière et suffisante pour prendre conscience qu’une tache de boue sur une caravane marron a plus de présence qu’elle.
- Crackle
Incapable d’assimiler la cocasserie du film, Alex de Rakoff n’en extirpe que les constituants visibles à l’écran, sans en étudier l’utilité, la parcimonie ou plus simplement les raisons pour lesquelles les effets kitschs et hystériques du matériau de base produisaient une comédie dramatique sous coke diablement jouissive. La réinterprétation des codes du délire de Guy Ritchie se réduit à un emploi hasardeux d’effets de montage, là sans raison, puisqu’ils n’apportent rien en terme de dynamisme. Pire, on distingue dans ces gimmicks empruntés à un autre le cache-misère d’une mise en scène parfois soporifique. On sent la volonté de dégager la même aura insolente que le long-métrage, dans une version plus pop, mais à trop vouloir en faire, sans réflexion derrière, la série en offre une version malade et édulcorée, dépourvue d’un charme quelconque. Snatch n’est ni drôle, ni fun, ni jouissive, ni attachante.
Comme beaucoup, Alex de Rakoff aime le film. Mais il ne semble pas l’avoir compris.
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jericho 12 avril 2017
Snatch saison 1 – la critique (sans spoiler)
Bonjour les ami(i)es de A Voir à Lire,
La sévérité de cette critique a le mérite de trancher, mais je suis largement en désaccord.
Féru de séries, Snatch a été un excellent moment de cocasseries, avec le charme absolu du "so british".
Certes, elle cumule des incohérences et un usage des techniques actuelles absurdes, mais ne manque pas de charme. On peut considérer aussi qu’il faut l’isoler du film qui fait référence.
C’est ainsi, qu’on peut la recommander avec un visionnage et un regard vierges.
Rien que le père en prison en appel vidéo, a suffit à me convaincre.
La série prend le film à revers pour fabriquer l’impensable, quitte à perdre en crédibilité.
On y trouve aussi des persnnages au jeu très honorable, attachants et avec une audace jubilatoire.
Au total, Snatch possède une somme de contracdictions pardonnables puisqu’elle remplit un mission de taille : un peu de joie et de légéreté dont nos yeux ont bien besoin...
A bientôt.
Franck. Grenoble, et tout juste 50 ans !