Une justice pour les femmes africaines
Le 10 février 2007
Un autre regard sur la justice africaine : celle que des femmes mettent au service de la défense d’autres femmes
- Réalisateurs : Kim Longinotto - Florence Ayisi
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Britannique
- Festival : Festival de Cannes 2005
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– Durée : 1h44mn
Un autre regard sur la justice africaine : celle que des femmes mettent au service de la défense d’autres femmes
L’argument : Sur les traces de Vera Ngassa, avocate et conseillère d’Etat, Sisters in law vous emmène au cœur du système judiciaire de la petite ville de Kumba située dans le sud-ouest du Cameroun. Là, des femmes - juges, avocates et inspecteurs de police - ont décidé de prêter main-forte à leurs sœurs et à leurs filles. Celles notamment qui ont choisi de braver ces hommes pour qui la violence est le seul moyen de communiquer avec l’autre sexe.
Notre avis : La justice pour les femmes par les femmes. Cela pourrait être le credo de tous ces "hommes de loi" en jupons qui officient à Kumba. La caméra de Kim Longinotto et de Florence Ayissi, dont c’est la ville natale, les a suivis en 2004 pour nous faire découvrir, contrairement aux idées reçues, que la condition féminine évolue sur le continent africain. Car Sisters in law n’est pas une œuvre de fiction, c’est un documentaire qui a pénétré le quotidien et l’intimité de femmes et de fillettes face à la justice pour défendre leurs droits. Des droits très souvent bafoués par des hommes qui leur ont fait subir les pires outrages : violence conjugale et viol. Surmontant les tabous et leurs peurs, elles ont décidé de faire confiance à la loi, mais aussi à des femmes comme elles, à l’instigation de la conseillère d’Etat Vera Ngassa, qui est souvent le premier maillon de cette chaîne judiciaire, ou de la juge Beatrice Ntuba. Amina et Ladi, deux femmes de confession musulmane, se battront sans fléchir pour se libérer des liens douloureux du mariage, fait rarissime dans leur communauté. Sonita, dix ans, osera accuser son violeur de quinze ans son aîné. Manka, six ans, échappera quant à elle aux mauvais traitements infligés par sa tante.
Quelques maladresses dans le montage ne vous empêcheront pas d’apprécier cette incursion sociale et judiciaire qu’est Sisters in law. Une invitation à découvrir, sans voyeurisme, un univers autrement inaccessible parce qu’on ne s’imagine tout simplement pas son existence. Tout de même, quel soulagement de se dire que la justice fonctionne aussi et surtout pour les femmes en Afrique, du moins au Cameroun ! Le cinéphile pragmatique se demandera certainement si la caméra n’a pas un peu changé le cours de la vie de ces malheureuses. Tant les préjugés vont bon train sur un continent que l’on trouve trop perméable, surtout à la présence étrangère. Quelle qu’elle soit ! Ce tournage aura donné certainement un peu plus de courage à celles qui en avaient besoin, mais là s’arrête son influence. Des juges et des inspecteurs de police ont déjà fait de la justice à Kumba un droit inaliénable pour les femmes. Le documentaire ne fait que mettre en exergue leur travail et la prise de conscience qu’il suscite au sein de cette communauté. Bien des œuvres cinématographiques s’attellent à donner une autre image de l’Afrique, très peu y parviennent réellement. Ce n’est pas le cas de Sisters in law qui accomplit aisément cette mission. Un film qu’on n’ira pas voir pour son esthétique ou sa réalisation exceptionnelles, mais pour en apprécier la portée sociale.
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