Un remake nommé navet
Le 5 février 2007
De l’horreur absconse signée par un cinéaste pourtant très prometteur.


- Réalisateur : Douglas Buck
- Acteurs : Lou Doillon, Chloë Sevigny, Stephen Rea
- Genre : Thriller, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Festival : Gérardmer 2007

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– Durée : 1h30mn
De l’horreur absconse signée par un cinéaste pourtant très prometteur.
L’argument : Une journaliste enquête sur le mystérieux docteur Lacan. Son investigation la mène au coeur de la clinique Zurvan, lieu de traitements psychanalytiques expérimentaux pour enfants. Là, elle rencontre une bien étrange jeune femme, un cobaye humain dont l’innocence fragile cache de dangereux secrets...
Notre avis : Révélé par Family portraits, formidable compilation de trois courts métrages, Douglas Buck signe avec Sisters (Sœurs de sang), un premier long métrage très attendu, remake du film homonyme de Brian De Palma. A travers ses précédents portraits de famille où des Américains lambda révélaient l’envers terrifiant d’un pays rongé par la culpabilité et la névrose, le cinéaste révélait une sensibilité et une thématique personnelles qui auraient génialement pu détourner n’importe quel cahier des charges hollywoodien et enquiquiner les optiques mercantiles de producteurs vicelards.
Las, c’est la Bérézina d’un bout à l’autre : outre les interprètes aphatiques et la mise en scène qui privilégie l’esthétique de la laideur, l’intrigue possède des modifications tangibles par rapport au film de De Palma (changer le début, renforcer le caractère surréaliste, amplifier la sexualité, autopsier la relation au corps, modifier la fin) et invite au petit jeu énervant des comparaisons. Le plus mystérieux dans cette sombre histoire reste les intentions carrément opaques du cinéaste : faire rire Brian De Palma en le parodiant ? Imiter David Cronenberg ? Montrer l’inutilité de revisiter les classiques d’antan ? Bref, tout et son contraire. Qu’on le considère au premier (thriller avec rebondissements surprises) ou au millième degré (autopsie d’une relecture vouée à l’imperfection), le résultat s’avère totalement vain. Seule unanimité : Buck s’est mis les fans comme les détracteurs dans le même camp. On est sincèrement désolés pour lui.