Le 30 septembre 2020
Un documentaire original qui montre dans un pays, le Bhoutan, l’isolement et la grande pauvreté, les ravages de la transformation numérique et économique. Stupéfiant et fort.
- Réalisateur : Thomas Balmes
- Nationalité : Français, Suisse
- Distributeur : Nour Films
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 23 septembre 2020
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Résumé : Le jeune Peyangki vit et étudie dans un monastère traditionnel au Bhoutan. Au pays du bonheur, l’arrivée récente d’internet entraîne d’importants bouleversements. Les rituels quotidiens des moines entrent en concurrence frontale avec la nouvelle addiction aux smartphones. Peyangki se passionne pour les chansons d’amour et tombe amoureux sur WeChat d’une jeune chanteuse. Succombera-t-il à la romance et aux tentations de la ville ou restera-t-il au monastère ?
Critique : Dix ans se sont écoulés entre les balbutiements de l’enfant Peyangki dans sa carrière de moine et son adolescence. Entre les deux périodes, le village a été doté d’une antenne 4G, la route a été goudronnée, et l’électricité a pris place dans le cœur du monastère. Pour le meilleur ou pour le pire ? Quand on sait qu’encore aujourd’hui, 48 % du territoire africain ne bénéficie pas de l’électricité, on peut imaginer que la technologie est factrice de bien-être des populations, particulièrement dans ce tout petit pays, le Bhoutan, connu pour avoir expérimenté et mis en œuvre des indicateurs de bonheur pour sa population, à l’encontre du fameux PIB. En réalité, même si Thomas Balmès y va à marche forcée, on découvre à travers le parcours de ce jeune moine les ravages incontestables de la technologie.
- Copyright Nour Films
Les débuts du long-métrage sont hésitants. On ne sait pas vraiment où veut en venir le cinéaste. On regarde avec effarement ces bouts de gosses, moins moines que gamins, le nez rivé sur l’écran de leur portable. Même pendant la prière, ils recouvrent les parchemins spirituels des jeux sur leur smartphone, dans l’impuissance manifeste du maître bouddhiste qui les forme. Mais peu à peu, le récit fait sens. On comprend que le réalisateur a voulu témoigner du parcours d’un enfant devenu moine trop vite, au détriment d’une scolarité ordinaire et des jeux indispensables à l’équilibre psychique d’un petit ; on perçoit surtout l’imprégnation de la technologie dans la tête de ces jeunes êtres, insuffisamment solides pour ne pas céder à l’addiction aux jeux vidéo et échanges virtuels.
- Copyright Nour Films
L’enjeu du film n’est absolument pas de décrire la spiritualité bouddhiste. Le cinéaste analyse la façon dont la technologie a transformé en profondeur des pays aussi isolés que le Bhoutan. La capitalisme rampant étend ses tentacules, et il est quasi impossible pour la jeunesse d’échapper au désir d’argent, de modernité et de confort. Pour autant, le cinéaste ne condamne pas. Il pose ouvertement la question du choix entre le temple de la spiritualité et celui de la consommation de masse. Naturellement, le regard de Thomas Balmès ne fait pas doute de ses positions idéologiques, mais lui, comme son jeune héros et nous-mêmes spectateurs, sommes captifs d’une soif d’avoir, toujours grandissante et insatiable, contre laquelle il est difficile de résister.
- Copyright Nour Films
Sing Me a Song constitue un film aussi troublant que fascinant. Si on se demande pendant de longues séquences les buts recherchés par le cinéaste en filmant cet enfant, le récit s’étoffe et prend forme petit à petit, mettant le spectateur dans un état de sidération. C’est un long-métrage qui invite à la pensée critique, et à trouver en soi le moteur de nos propres contradictions.
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