Le 12 mai 2023
Malgré l’indéniable utilité historique du propos, l’esbroufe de la mise en scène finit par perdre le spectateur.
- Réalisateur : Olivier Dahan
- Acteurs : Olivier Gourmet, Élodie Bouchez, Sylvie Testud, Philippe Torreton, Elsa Zylberstein , Laurence Côte, Bernard Blancan, Judith Chemla, Urbain Cancelier, Mathieu Spinosi, Antoine Gouy, Rebecca Marder, Veronika Varga, Noémie Zeitoun, Jean-Pol Brissart
- Genre : Biopic
- Nationalité : Français
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 2h20mn
- Date télé : 7 août 2024 22:32
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Date de sortie : 12 octobre 2022
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Résumé : Le destin de Simone Veil, son enfance, ses combats politiques, ses tragédies. Le portrait épique et intime d’une femme au parcours hors du commun qui a bousculé son époque en défendant un message humaniste toujours d’une brûlante actualité.
Critique : Rendre hommage à l’une des plus grandes femmes politiques du vingtième siècle est une idée remarquable. Il ne s’agit en effet pas de réduire le souvenir à sa seule panthéisation, mais de rappeler combien elle a fait avancer le droit des femmes, des malades du SIDA, au cœur de gouvernements pour le moins réactionnaires. Le nouveau film d’Olivier Dahan dont on connaît surtout le célèbre biopic La Môme s’engage sur un terrain miné. L’enjeu est bien de relater le parcours dense de cette femme politique qu’il semble réduire à sa seule adolescence passée avec sa mère et ses sœurs dans l’horreur des camps de la mort. Tout le récit tourne autour de ce traumatisme d’enfance que Simone tente de raconter à des journalistes ou dans un ouvrage, pour parvenir à la paix intérieure. Elle pleure beaucoup : du moins, les larmes dévalent de ses yeux en permanence, pendant que son récit autobiographique s’enroule essentiellement autour de ce terrible passé.
- Copyright 2020 - Marvelous Productions - France 2 Cinéma - France 3 Cinéma
On ne peut pas dire qu’Olivier Dahan fait beaucoup dans la nuance. La séquence d’ouverture du long-métrage en atteste, faisant état de figures aboyeuses au cœur de l’Assemblée nationale, qui tentent, à coup d’arguments fallacieux, de démonter le projet de loi contre le droit à l’avortement. La caméra alterne les gros plans, dans un bruit assourdissant, pendant que la ministre de la Santé, Simone, demeure silencieuse sur les bancs de l’Assemblée. Hélas, tout le long-métrage est construit à l’image du début. Le réalisateur assène des coups de force mélodramatiques d’un bout à l’autre de son projet, réduisant son héroïne à une sorte de sainte dévouée pour la cause publique, face à l’ignominie du monde. La musique au piano et à l’orchestre, aux accents romantiques, en rajoute à cette représentation édulcorée du parcours de vie de Simone Veil qui devient une sorte d’objet de foire lacrymal, seule face à l’ignominie du monde.
- Copyright 2020 - Marvelous Productions - France 2 Cinéma - France 3 Cinéma
Le pire du mauvais goût survient dans la dernière heure du long-métrage, tragiquement longue, qui donne à voir les années d’enfermement et de maltraitance au milieu des camps de la mort. Si la lettre qui accompagne les images, écrite par la femme politique elle-même et lue avec dignité par Elsa Zylberstein, aurait suffi à donner à voir l’inimaginable, le réalisateur décrit cette tragédie humaine dans une série de scènes toutes aussi indécentes que grotesques. En fait, Olivier Dahan réalise une sorte de spectacle de l’horreur qui se retourne contre sa volonté de produire l’empathie du spectateur, à un moment où les mémoires juvéniles tendraient à réduire ce morceau terrible de l’Histoire de l’Europe à une simple mention sortie de leurs livres scolaires. Tous les dialogues confirment ce manque absolu de nuances. Le scénario en effet se plaît à truffer les échanges de citations clinquantes, qui fonctionnent comme des étalages ridicules de l’œuvre littéraire de Simone Veil.
- Copyright 2020 - Marvelous Productions - France 2 Cinéma - France 3 Cinéma
Sans doute, ce qui sauve ce biopic absolument débordant d’excès de mise en scène, demeure l’interprétation de Rebecca Marder et Elsa Zylberstein qui interprètent Simone Veil à différents moments de son existence. Les deux comédiennes s’engagent corps et âme dans l’interprétation de cette immense femme politique, en s’appropriant les tics de langage et les postures physiques. Si elles ne sont pas aidées par le propos manichéen, elles parviennent à déployer l’envergure d’un personnage habité par la lutte pour la reconnaissance des femmes et des minorités sociales. On se demande même pourquoi la véritable Simone Veil ne s’est pas engagée dans un mouvement politique de gauche. La réalisation d’ailleurs cherche à transcender les réflexes partisans, faisant de cette héroïne du vingtième siècle une figure universelle.
- © Warner Bros. France
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