Le 5 août 2022
Audrey Dana signe une comédie beauf, qui surfe sur les clichés les plus épais.


- Réalisateur : Audrey Dana
- Acteurs : Christian Clavier, Éric Elmosnino, Audrey Dana, Alice Belaïdi, Antoine Gouy
- Genre : Comédie, Nanar, Comédie romantique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h39mn
- Date télé : 5 août 2022 20:45
- Chaîne : TF1 Série Films
- Box-office : 157 315 entrées France / 26 636 Paris périphérie
- Date de sortie : 22 février 2017

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Résumé : Qui n’a jamais imaginé ce que ça ferait d’être dans la peau du sexe opposé, ne serait-ce qu’une journée ? Et bien, pas Jeanne ! Fraîchement divorcée, séparée de ses enfants une semaine sur deux, elle en a fini avec les mecselle et ne veut plus jamais en entendre parler. Mais un beau matin, sa vie s’apprête à prendre un drôle de tournant : à première vue rien n’a changé chez elle… à un détail près ! De situations cocasses en fous rires avec sa meilleure amie, de panique en remise en question avec son gynéco, notre héroïne, tentera tant bien que mal de traverser cette situation pour le moins… inédite.
Critique : Si j’étais un homme s’empare d’une thématique plus souvent explorée par la comédie américaine que par notre cinéma hexagonal, dont la tradition comique ne croise pas la science-fiction ou le fantastique. Ces dernières années, pourtant, par la grâce de quelques hybridations avec le genre surnaturel (un homme changé en chien dans Didier, une adolescence revécue dans Camille redouble, pour ne citer que ces longs métrages), la comédie française s’autorise des sorties de route plus irrationnelles. Le film d’Audrey Dana marche sur les traces de Ce que veulent les femmes, où Mel Gibson campait un personnage qu’un brutal accident rendait capable de lire dans la pensée de l’autre sexe. L’argument évoque également L’Événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la Lune, ce long métrage de Jacques Demy, où Mastroainni jouait un personnage qui se découvrait enceinte. Les comparaisons s’arrêtent là.
Ici, l’héroïne est soudainement pourvue d’attributs masculins, qui se cristallisent forcément dans le membre viril. Du pénis, les gags tireront leur substantifique moelle rabelaisienne. Évidemment, l’intention féministe de la réalisatrice ne s’accommode pas d’une réflexion implicite sur les normes de genre, l’imprégnation sociale des comportements dans une matrice hétéronormée. On n’est pas chez Judith Butler, plutôt dans le tout-venant de la gaudriole française, avec des personnages caricaturaux, qui reproduisent des clichés : nantie d’un sexe masculin, la protagoniste devient obsédée et grande gueule. Ce n’était donc qu’une question d’hormones. Et voilà comment un film, sous couvert de faire avancer les mœurs, comme on dit, se vautre dans la beaufitude la plus accomplie, avec la présence de l’incontournable Christian Clavier en gynéco grotesque, et des acteurs mal dirigés qui surjouent des situations globalement vulgaires. Audrey Dana n’est pas Blake Edwards et ne fait jamais bifurquer sa pantalonnade vers de délicieux territoires absurdes. On ne lui en demandait pas tant, mais on ne peut même pas dire qu’on obtienne le minimum syndical.