Voyage à travers la peinture
Le 13 septembre 2014
Véritable voyage dans le temps et l’histoire américaine à travers la peinture de Hopper, Shirley - Visions of Reality est une œuvre méticuleuse et singulière qui interroge en filigrane le médium cinéma sur sa propre histoire et sur son rapport aux autres arts. Présenté au Festival de Berlin 2013.
- Réalisateur : Gustav Deutsch
- Acteurs : Stephanie Cumming, Christoph Bach, Florentin Groll
- Genre : Drame
- Nationalité : Autrichien
- Durée : 1h32mn
- Date de sortie : 17 septembre 2014
- Plus d'informations : Le site officiel du film
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Véritable voyage dans le temps et l’histoire américaine à travers la peinture de Hopper, Shirley - Visions of Reality est une œuvre méticuleuse et singulière qui interroge en filigrane le médium cinéma sur sa propre histoire et sur son rapport aux autres arts.
L’argument : Un hommage à la peinture d’Edward Hopper et à la vie quotidienne américaine des années 1930 aux années 1960, avec la mise en scène de treize des tableaux prenant vie et restituant le contexte social, politique et culturel de l’époque à travers le regard du personnage féminin, Shirley. Personnage directement inspiré de Joséphine, son épouse, le modèle unique et froid. La vision d’une réalité ordinaire, sans concession.
Notre avis : Peinture et cinéma : ces deux arts s’entremêlent dans Shirley - Visions of Reality pour faire défiler devant les yeux du spectateur une suite de tableaux inspirés par l’œuvre du peintre américain Edward Hopper. Gustav Deutsch prend plaisir à renouer ici avec une forme de cinéma intiment liée à la peinture et au théâtre en revisitant la tradition du tableau vivant - forme de performance au croisement de plusieurs pratiques artistiques qui apparut bien avant les débuts du cinéma et vécut un regain de popularité au cours du XIXème siècle. Connu pour son œuvre expérimentale fondée sur le found footage - méthode reprenant des séquences visuelles préexistantes pour leur donner un sens nouveau grâce au montage - le réalisateur crée un personnage et recrée un univers. Voilà le spectateur plongé dans l’atmosphère des Etats-Unis du début des années 1930, guidé par la voix pensive de Shirley et par les informations diffusées sur les radios de l’époque.
©KMBO
Effectué au fur et à mesure de leur date d’exécution, l’enchainement des tableaux révèle l’évolution de l’œuvre du peintre tout en permettant le développement du personnage de Shirley, actrice politiquement engagée et confrontée à la Grande Dépression. Shirley, interprétée par la danseuse Stephanie Cumming, nous fait ainsi découvrir l’espace des tableaux au fil des ses réflexions et de son histoire. L’œuvre de Hopper se prête particulièrement bien au jeu mis en place par le réalisateur et le spectateur est invité à poser un regard nouveau sur ces lieux du quotidien - un bureau, une chambre, un salon, ou encore une salle de cinéma -, sur ces personnages à première vue anodins et auxquels la lumière fait prendre une dimension énigmatique.
©KMBO
La couleur, l’espace et la lumière de Hopper font ici l’objet d’une reconstitution méticuleuse par le réalisateur et son équipe. Magnifiée par le travail conjoint de Gustav Deutsch, Jerzy Palacz (directeur de la photographie) et Dominik Danner (chef-opérateur), la lumière fait écho à la voix-off de Shirley jusqu’à devenir l’expression même du personnage. Un soin tout particulier a été apporté aux détails des costumes et des décors, ces derniers ayant représenté un défi pour Gustav Deutsch, qui a longtemps travaillé en tant qu’architecte et assume le rôle de chef décorateur. Un autre défi de taille lié au genre du tableau vivant, à savoir le plan fixe, a été relevé par le réalisateur grâce à l’utilisation parcimonieuse du zoom, de légers panoramiques ainsi que grâce à la mise en scène des déplacements des acteurs dans ces espaces reconstitués.
Malgré une image pour le moins saisissante de ressemblance avec les tableaux de Hopper, le film pâtit de quelques longueurs - le réalisateur semblant nous inviter à prendre le temps de la contemplation - et le spectateur sera susceptible de se perdre dans les monologues parfois monotones de Shirley. C’est ainsi que les réflexions du personnage peuvent parfois prendre un tour anecdotique face à l’image, qui reste constamment d’une grande force. En définitive, le film de Gustav Deutsch nous prouve à nouveau que l’œuvre de Hopper constitue encore aujourd’hui une invitation à l’imagination et une source inépuisable d’inspiration.
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