Sausage Party, la vie privée des aliments - la critique du film

Copyright Sony Pictures

Notre avis : La principale particularité de Sausage Party est son caractère Rated R (int-17 ans). Rien d’étonnant en soi, certes, sauf qu’il s’agit ici d’un film d’animation dont l’un des deux réalisateurs est un certain Conrad Vernon, bonhomme ayant entre autres dirigé Shrek 2 et Madagascar 3, pour Dreamworks. Voilà qui est tout de suite bien moins convenu, mais qui ne surprend plus lorsque l’on découvre les noms à l’origine du projet, Seth Rogen et sa bande, tous amateurs de comédies gentiment trashouille. Sausage Party se permet donc d’aborder des sujets rarement exploités dans l’animation hollywoodienne, le tout avec un penchant sans modération pour la vulgarité.

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Une tendance qui se ressent d’ailleurs dès la scène ouverture : une séquence de comédie musicale qui aura tôt fait de mettre les choses au clair avec un nombre de "fuck" et de références sexuellement explicites qui ont dû donner le tournis aux membres de la MPAA, qui gèrent la classification des films aux USA. Le long-métrage semble dès lors, et ce de façon paradoxale, prisonnier de son irrévérence, dans la mesure où ce qui suivra ne sera que surenchère de blagues potaches peu utiles, qui se succèdent au détriment de l’efficacité narrative et du sérieux de certains thèmes abordés.

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L’histoire repose effectivement sur des éléments intéressants : le parcours initiatique d’une saucisse remettant toutes ses croyances en question (bon, dit comme ça, cela a l’air stupide... Mais pas autant qu’on pourrait le penser !). Car là où l’on pouvait légitimement s’attendre à une charge de plus contre le consumérisme (après tout le film ne prend-il pas place principalement dans une grande surface ?), celle-ci se fera discrète au profit d’une critique de la foi et de l’aveuglement qui l’entoure. Le sujet est d’actualité et il y a beaucoup à en dire, sauf que Sausage Party dérape de par ses personnages excessivement caricaturaux. Certaines représentations ne sont tolérées que parce qu’il s’agit là d’aliments dotés de vie ; une représentation en chair et en os, avec de vrais acteurs, aurait tout de suite fait crisser bien des dents. On reprochera également le point de vue assez enfantin, pour ne pas dire carrément naïf du thème de la discorde. Le manque de subtilité autour du conflit israélo-palestinien (sujet casse-gueule par excellence) mentionné par les auteurs hilares, ne fait qu’accentuer le simplisme de la philosophie de comptoir de Seth Rogen, qui, de film en film, dresse l’une des œuvres les plus immatures du divertissement américain.

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Quelques moments de chaos inattendus permettent de relever l’intérêt, notamment lors d’une scène d’accident de cadis : les aliments perdus marchent à l’aveugle dans un brouillard de particules, l’anarchie totale est alors délicieuse. Malheureusement la crudité des propos d’un American Pie veggie, vaguement engagé, rabaisse toujours les intentions, jusqu’au final trash jusqu’au-boutiste, particulièrement gratiné, qui se veut plutôt hardcore dans le film d’animation.
Au final, si le film nous nourrit de quelques fulgurances, l’on préférera se replonger dans South Park pour le côté trash, ou bien dans le récemment réhabilité Belladonna, manga sublime qui traite avec autrement plus de talents de la liberté sexuelle.