Mamma Roma
Le 25 mars 2014
Lion d’Or à la Mostra en 2013, le nouveau documentaire de Gianfranco Rosi nous guide le long du périphérique qui contourne Rome, dans un voyage poétique et politique d’une liberté formelle rare.
- Réalisateur : Gianfranco Rosi
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Italien
- Durée : 1h33mn
- Date télé : 15 février 2017 22:40
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 26 mars 2014
- Plus d'informations : Le site du distributeur
- Festival : Festival de Venise 2013
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Lion d’Or à la Mostra en 2013, le nouveau documentaire de Gianfranco Rosi nous guide le long du périphérique qui contourne Rome, dans un voyage poétique et politique d’une liberté formelle rare.
L’argument : Au volant de sa mini-fourgonnette, Gianfranco Rosi est parti à la découverte de la GRA (Grande Raccordo Anulare), plus connue sous le nom de Grand Contournement de Rome. Derrière le vacarme continu, un monde invisible...
Notre avis : Suivre une artère routière qui dessine une orbite de bitume autour d’une ville, sans jamais en passer les frontières. Rester à la marge, et s’attarder sur ceux qui habitent cette marge – qu’ils soient de passage, comme ce spécialiste des palmiers qui écoute les larves des parasites détruire les arbres de l’intérieur, ou qu’ils vivent là, dans le confort ou la misère. Des gyrophares d’une ambulance, nous passons à un crépuscule sur une rivière, et prenons conscience que malgré la séparation apparente de ces endroits, il s’agit bien là d’un même espace, étendu sur une soixante de kilomètres, mais unifié par cette circulation qui ne s’arrête jamais. Le regard cinématographique de Gianfranco Rosi puise sa force dans l’indissociabilité si particulière qui s’opère chez lui entre le sensoriel et le politique : le cadre, le montage, le dispositif tout entier relèvent à la fois d’une grammaire très intuitive et musicale, attachée à ce qui se trame dans l’instant et sur le vif, et d’une pensée plus large, murie derrière les images. La caméra ne s’impose pas dans les lieux qu’elle filme, elle ne vient pas entraver les personnages qu’elle interroge de façon muette, et pourtant elle se loge très proche d’eux et du rythme de leur quotidien. Le cinéaste est dans une maîtrise telle de son dispositif que ce dernier semble souvent s’effacer devant les personnages filmés, sans que ceux-ci prennent pourtant la narration en otage : le film reste également libre de les quitter à tout moment, et d’explorer d’autres pistes pour les retrouver par la suite.
Des cinéastes actuels, Rosi est l’un de ceux qui incarnent le plus intuitivement la notion si galvaudée de porosité des genres, ainsi qu’une liberté formelle totale. Sacro GRA est tour à tour tragique, drôle, lyrique, rythmé par des séquences de tension (les ambulanciers) et par des moments de contemplation pure. Une séquence de neige paralysant le périphérique vire à l’évocation poétique du froid et de l’engourdissement proche du Inside Llewyn Davis des frères Coen. Une autre nous plonge dans une cérémonie étrange de célébration de saint Casimir, qui donne lieu à une manifestation incongrue de l’amitié italo-lituanienne. Une séquence répétée nous ouvre littéralement des fenêtres sur la vie de petites gens, parmi lesquelles un père facétieux et cultivé, qui vit avec sa fille dont la répartie n’est pas en reste. Sans esprit de sérieux, le film réhabilite un premier degré sincère et généreux, où la chanson populaire italienne s’insère sans distance satirique. A l’image de l’espace qu’il explore, Sacro GRA parle de l’urbain et de la ville sans oser les surplomber. On ne verra jamais Rome proprement dite, mais c’est bien d’elle qu’on parle, en en suivant les contours. L’invitation au voyage de Rosi ne nous mène peut-être en apparence pas très loin, mais elle le fait avec une simplicité et une délicatesse qui laissent pantois.
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