Rotterdam, un séjour à fleur d’eau - La chronique BD

Résumé :

Amsterdam, Bruxelles, Bruges oui... mais Rotterdam ? Exilé avec sa compagne sur les rives industrielles de la ville portuaire hollandaise, le dessinateur Emmanuel Lemaire livre un carnet fait de bribes de vie, de moments anodins et de millions de tulipes, sans fard mais tout en simplicité et en curiosité.

© Delcourt

Notre avis :

Que peuvent donner neuf mois loin où l’on troque Rouen pour Rotterdam ? C’est la question que s’est posé Emmanuel Lemaire tandis qu’il accompagnait sa petite amie, venue pour une mission dans les méandres industrialo-portuaires. Neuf mois, cela peut être long quand on est coincé dans un petit appartement, avec vue sur une école, sans amis ou famille... Armé de son crayon, l’auteur va s’attacher à décrire son quotidien, qui parfois se révèle assez banal ou ennuyeux, un vrai quotidien en fin de compte. Car le tourisme n’est pas le fort du centre névralgique du fret européen. Si le vélo et les tulipes offrent de beaux clichés des Pays-Bas, ce sont plutôt les quelques personnes rencontrées au gré des hasards : un mécano immigré concentré, une voisine française surveillant sa villa de vacances, le collègue féru de mathématiques, la serveuse effrayée de la friterie... Autant de rencontres fugaces qui auraient mérité un développement, quelques rebondissements ou même des retours, mais malheureusement la vie ne fournit pas toujours des récits longs et construits.

© Delcourt

C’est donc dans un esprit débridé que se lit ce carnet de notes. Un fil de l’eau qui va à son rythme, tranquille voire un peu immobile. À l’intérieur d’une très belle couverture, le dessin est un joli crayonné qui cherche à la fois le détail et la vue d’ensemble. Il va de chaque fenêtre d’un building à l’immensité d’un champ de tulipe, en tâchant de rester fidèle aux moulins et vélos hollandais. Sans déraper et avec une unité propre, Emmanuel Lemaire se taille un univers là encore simple mais efficace, où titres et citations s’insèrent comme dans un roman photo de vacances. Le contrecoup, c’est que Rotterdam apparaît de manière assez réaliste : bruyante, industrielle, striée de routes et de canaux, mais surtout sans charme et finalement peu accueillante. En fin de compte, Un séjour à fleur d’eau ne donne pas vraiment envie de découvrir le port néerlandais.

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Bien fourni avec ses 128 pages, l’ouvrage au format carnet est une bonne chronique d’expatrié français à Rotterdam, plus tourné vers la scène de vie quotidienne normale que la découverte d’une ville envoûtante et inconnue. Sans mensonges ni exagérations, les déambulations d’un jeune couple se font tranquillement, sur un rythme diffus. L’absence de trame narrative ou même de liens gâche un peu le plaisir de la lecture, mais l’ambition de cet album est toute autre : raconter quelques mois à l’étranger, justement sans ambition ni affabulation.