Le 12 mai 2024
Cette curieuse coproduction européenne mérite le détour pour son casting insolite et son ambiance seventies mais peine à tenir la route.
- Réalisateur : Francisco Rovira Beleta
- Acteurs : Danielle Darrieux, Gina Lollobrigida, Hugo Blanco, Giacomo Rossi Stuart, Susan Hampshire, Renaud Verley, Maribel Martín, Eduardo Fajardo, Concha Velasco
- Genre : Drame, Érotique, LGBTQIA+, Policier
- Nationalité : Espagnol, Français, Italien
- Distributeur : Compagnie Française de Distribution Cinématographique (CFDC)
- Durée : 1h35mn
- Titre original : No encontré rosas para mi madre
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 31 juillet 1974
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Résumé : Jacy est un jeune homme séducteur qui vit à Madrid. Il adore sa mère Teresa, une femme qui a toujours besoin d’argent. Pour remédier à ses problèmes, Jacy multiplie les combines et les aventures...
Critique : Adapté d’un roman de José Antonio García Blázquez, qui a contribué à l’adaptation, Roses rouges et piments verts a pour titre original No encontré rosas para mi madre, qui est également celui du livre. Les traductions dans le reste du monde lui ont donné un caractère plus sulfureux, avec Peccato mortale en Italie, ou Sex and the Lonely Woman au Canada. Curieux long métrage que cette coproduction entre la France, l’Italie et l’Espagne, dont l’action se situe entre Madrid et Ibiza, et dans laquelle presque tous les personnages sont espagnols, et interprétés pour la plupart par des acteurs internationaux, comme l’Anglaise Susan Hampshire et l’Italien Giacomo Rossi Stuart. La plupart sont doublés, telle Danielle Darrieux et Gina Lollobrigida, autour desquelles le film a été vendu. Ces deux dernières étaient encore à l’époque des comédiennes très populaires mais dont la carrière cinématographique s’essoufflait quelque peu. On ne sait trop si elles cherchaient à rebondir ou simplement à cachetonner, entre deux tournées de théâtre pour l’une, et deux galas pour l’autre. Peut-être ont-elles eu les deux motivations... Elles sont en tout cas exquises.
- Renaud Verley, Danielle Darrieux
- © 1974 Les Productions du Bassan. Tous droits réservés.
La première incarne à merveille cette mère frivole, bourgeoise fauchée, formant avec son fils un étonnant duo. Comme à son habitude, la star française excelle entre légèreté et gravité, dans la tradition ophulsienne. La seconde, resplendissante quadragénaire, campe une photographe milliardaire dont va s’enticher, un temps, le fils de la première, par opportunisme. Lollobrigida retrouve un peu son personnage de Ce merveilleux automne de Bolognini, où elle déployait un réel talent dramatique. Au crédit du film, on peut souligner son culotté mélange des genres, du roman-photo au drame érotique estival, en passant l’étude de mœurs et la chronique policière. Et la musique de Piero Piccioni, fidèle collaborateur de Francesco Rosi, n’est pas pour rien dans le charme exercé par cette œuvre mineure. En fait, les producteurs ont surtout voulu mettre au centre du récit le jeune et bel acteur Renaud Verley, remarqué dans Le chemin de Katmandou et Les damnés, auquel ils ont confié le rôle de cet « obscur objet du désir ».
- Renaud Verley
- © 1974 Les Productions du Bassan. Tous droits réservés.
Mais c’est justement là que le bât blesse. Non pas que le comédien soit limité, mais on peine à percevoir les intentions des auteurs à travers la narration qui tourne autour de lui. Ils semblent hésiter entre un éloge de la subversion et un soutien conservateur à l’ordre moral. Peut-être faut il y voir une crainte de la censure franquiste, d’autant plus que le métrage ne manque pas de scènes audacieuses pour l’époque (complexe d’Œdipe dévié, prostitution masculine, tentative de viol d’une handicapée...) qui lui valurent en France une interdiction aux moins de seize ans. Mais plus que se positionner en héritier de Buñuel ou être perçu aujourd’hui comme un père d’Almodóvar, Francisco Rovira Beleta semble ici se complaire dans un film de mode à la Roger Vadim... On est donc partagé face à cette œuvre hybride très connotée seventies, qui connut une sortie confidentielle en France à la fin de l’été 1974 et a été introuvable pendant des années.
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